Le rapport de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH) révèle une inquiétante montée du racisme en France. Alors qu'il y a un mois seulement, le ministre de l'Intérieur se félicitait de la baisse de 22 % des actes et menaces racistes en 2005 par rapport à 2004. Le récent rapport de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH) pour l?année 2005 donne à voir une réalité bien plus sombre. Selon un sondage réalisé en novembre dernier, une personne interrogée sur trois répond que « personnellement, elle dirait d'elle-même qu'elle est raciste » ! Et ils sont 63 % estimé que « certains comportements peuvent justifier des réactions racistes ». Ce sondage, réalisé par l'institut CSA sur un échantillon de 1 011 personnes interrogées en face à face, démontre une banalisation du racisme. Ainsi, ils ne sont que 32 % à se dire prêts à signaler un comportement raciste à la police. Tout l'intérêt de ce sondage réside dans la prise en compte du « sentiment » raciste et pas seulement des actes. En effet, considérer qu'un groupe ethnique n?est pas le bienvenue en France n'est pas forcément suivi d'un meurtre ou même d'une insulte. D'où la limite des chiffres tirés uniquement de part les sources judiciaires. Car les victimes de ce racisme au quotidien ne portent pas toujours plainte. Les clients qui préfèrent changer de caisse au supermarché pour éviter la caissière noire, les regards lourds de sens et les remarques désobligeantes : rien de tout cela n'apparaît dans les statistiques officielles. Si toutes ces vexations faisaient l'objet d'un rapport de police, nul doute que les chiffres évoqués par Nicolas Sarkozy monteraient en flèche ! Ainsi, Michel Forst, secrétaire général de la CNCDH nuance les résultats officiels : « depuis 1993, nous sommes dans une tendance en forte augmentation. Le nombre de violences et menaces racistes est globalement passé d'environ 200 annuellement à un millier aujourd'hui ». Donc, si les chiffres pour l'année 2005 sont en baisse par rapport à 2004, ils restent très élevés. Comme à chaque période de crise socio-économique, les étrangers et les immigrés sont les premiers à trinquer. Ainsi, parmi les justifications apportées par les auteurs de ces considérations xénophobes, figurent en ligne de mire l'angoisse économique et le chômage : une majorité de Français (56 %, soit 18 % de plus qu?en 2004) estime que sur notre territoire, « le nombre d?étrangers est trop important ». Dans un même ordre d'idée, on constate un recul de 11 % de ceux qui considèrent que les « travailleurs immigrés sont en France chez eux puisqu'ils contribuent à l'économie française ». L'emploi apparaît nettement comme le principal domaine dans lequel le nombre d'immigrés pose problème : 66 % de ceux qui jugent le nombre d?immigrés excessif l'expliquent en référence au taux de chômage en France. Pour Michel Tubiana, vice-président de la Ligue des Droits de l?Homme, cette progression est impulsée par les hommes politiques : « c'est la conséquence directe des discours gouvernementaux qui multiplient les propos provocateurs à l'égard des étrangers », affirme-t-il en faisant référence aux sorties de Nicolas Sarkozy sur les « racailles » et à la façon dont la question de la polygamie est apparue comme un facteur explicatif de la crise des banlieues. L'Autre est, plus que jamais, érigé en cause principale de tous les malheurs de la France. Un constat alarmant qui n?est pas sans lien avec la faiblesse de nos hommes politiques devant les grands défis actuels.
Sources : http://www.marianne-en-ligne.fr/exclusif/virtual/socit/e-docs/00/00/5D/35/document_web.phtml