Bondamanjak

11 novembre 2008,

Grande Guerre. Avril 1917. Deux semaines de combats d’une violence inconnue. 147.000 morts, 100.000 blessés, mutilés, défigurés. Gueules Cassées. Seulement deux semaines. Le Massacre du Chemin des Dames.

 

Les poilus, la chair à canon se révolte. Se mutine. 60 des 100 divisions françaises sont concernées à des degrés divers. L'Etat-Major est fou de rage. Discipline. Discipline. La discipline est la force des armées.

 

La répression sera féroce. On ne se mutine pas. 500 condamnés à mort.

 

Dans toute la France qui célèbre ses glorieux combattants, dans cette France aux 36.000 communes, où chaque place de village a son Monument aux Morts, seulement trois sont des Monuments aux Morts Pacifistes. On y voit, à la suite de la longue liste des combattants victimes, ni « Morts pour la France » ni « Tombés au champ d’honneur » mais un impitoyable, un fracassant « Maudite Soit La Guerre ».

 

Une chanson va symboliser cette hécatombe « la Chanson de Craonne ». Malgré un appel à la délation et l’offre d'une démobilisation immédiate et d’un pactole de un million de franc-or pour  le délateur afin de connaître, afin de le punir, l’identité de l'auteur de ce monument, elle demeure anonyme.

 

La chanson de Craonne

(1917 Anonyme). Extraits.

 Adieu la vie, adieu l’amour,

Adieu toutes les femmes

C’est bien fini, c’est pour toujours

De cette guerre infâme

C’est à Craonne sur le plateau

Car nous sommes tous des condamnés

Nous sommes les sacrifiés. 

 

Huit jours de tranchée,

Huit jours de souffrance

Pourtant on a l’espérance

Que ce soir viendra la relève

Soudain dans la nuit et le silence

On voit quelqu’un qui s’avance

C’est un officier des chasseurs à pied

Qui vient pour nous remplacer

Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe

Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.