
Au cours des soixante-douze jours qui ébranlèrent la Martinique, Fort Royal devient Fort-de-France, des foules de plus en plus nombreuses se rendent à l’église pour… prendre des nouvelles. Des quêteuses, à la messe, sont choisies dans les trois couleurs : une blanche, une sang-mêlée, une noire ?! La « Maison d’éducation des jeunes demoiselles » de Saint-Pierre fait savoir que dorénavant, elle accepte les jeunes mulâtresses. Les passeurs noirs de la rivière du Carbet déclarent ne plus vouloir porter désormais, lors des crues, « la viande » du corps de leurs maîtres blancs. Des groupes de salariés « nègres » discutent de leurs payes avant de travailler, ou exigent que les arriérés soient réglés. Du jamais vu ?! Plus qu’une étude présentant le processus d’émancipation tant à la Martinique qu’en Guadeloupe, Guyane et Réunion, cette chronique donne à revivre, jour après jour, presque heure après heure, l’ambiance qui régna dans les bourgs, les campagnes, les « habitations », du samedi 25 mars au dimanche 4 juin de cette année sans pareille que fut 1848.