Au début de l’an 2010, je disais à une amie que tout était possible dans un département français où on confond pistache et cacahuète. Je parlais bien-sûr de la Martinique l’île qui a troqué ses fleurs contre un bouquet de paradoxes. A l’orée du 22 mai, je me retrouve au Prêcheur. Charmante commune du Nord-Caraïbe où le rythme semble vouloir régulièrement rappeler à l’ordre ceux et celles qui n’ont peut-être rien compris à la vie avec un simple petit v. J’arrive sur la place du 22 mai. C’est une petite place.
Et je suis naturellement attiré par ces deux mains d’esclave libéré qui pointent vers un mélange de ciel et de mer sans limites. Je me tourne et je suis…enfin intrigué par un monument que j’ai toujours vu sans trop y croire. Un truc en marbre blanc, une sorte de colonne style gréco-romain qui surplombe la petite place. Dans une logique pa ni ayen, le temps qui s’arrête presque, me permet de monter les quelques marches qui amène au graal sculptural. Le reste ne m’appartient pas. Ces inscriptions me laissent sans voix : » A la mémoire de DU PARQUET premier colonisateur de l’île LA MARTINIQUE RECONNAISSANTE «
Le poids des mots gravés en 1875 sont comme des blessures acceptées. C’est beau. Sublime et tout cela est possible en Martinique, tout cela est possible, ici où cette scène ubuesque offre ce trouble exquis sur moins de 50 m2, les deux monuments étant voisins comme jamais. Pas étonnant alors que la confusion entre pistache et cacahuète perdure dans nos têtes. Dans un univers où les pistaches ne sont pas encore nées, dans un univers où les pistaches touchent les cacahuètes de l’Histoire. Pas étonnant du tout.