La Fédération Socialiste de Martinique (FSM) a suivi avec attention les annonces faites par le Président de la République Emmanuel MACRON, par les ministres de son gouvernement et en dernier lieu, par le Préfet de Martinique, Stanislas CAZELLES.
S’il apparaît évident que tout doit être fait pour endiguer cette épidémie qui est venue bouleverser nos vies depuis près de 10 mois, il apparaît indispensable que la parole publique et les décisions qui en découlent soient à la hauteur des sacrifices consentis et à consentir par la population. Aussi, si le gouvernement n’est pas à même de prendre la mesure du réel et reste hors sol quant à son appréciation des réalités quotidiennes des français, le Préfet, représentant de proximité, se devait d’adapter, avec lucidité et anticipation, les restrictions imposées aux martiniquais.
Or, de la mise en place exceptionnelle du couvre-feu commercial, qui ne semble avoir porté aucun fruit si ce n’est de renforcer les difficultés de nos restaurateurs, puis d’une mise en confinement tout aussi exceptionnelle de la seule Martinique dans le rang des outremers, force est de constater que, à l’instar de l’Etat qu’il représente, les annonces permettant une anticipation et une préparation de chacun, ne sont pas de l’apanage de M. le Préfet. Les mesures sont annoncées à 16h pour une prise d’effet à minuit ! Comment, dans ces conditions, permettre l’adhésion du plus grand nombre ?
Aussi, si la Fédération socialiste a pleinement conscience de l’impopularité de toute décision venant restreindre nos libertés individuelles, elle s’érige en critique et opposition face à ces décisions d’une brutalité inouïe pour toute la société et son organisation, alors que des instruments de modélisation efficaces sont à la disposition des décisionnaires. Nous ne pouvons croire à la surprise quand les chiffres et le monde médical avertissent le Préfet depuis quelques semaines sur l’aggravation de la situation. Nous ne pouvons croire, non plus, à la seule responsabilité d’une catégorie de commerces déjà fortement impactés quand il est clair et répété dans les comités préfectoraux COVID19, que 50% des clusters sont développés dans les entreprises.
Si en France hexagonale, les grands gagnants de ces décisions souvent incohérentes, seront encore et toujours les GAFAM qui ne manqueront pas l’opportunité de vendre, encore et toujours plus sans être contraintes de participer à l’effort national, c’est ici la mort de notre économie, la paupérisation encore plus importante de notre population qui est en cours.
Déjà à 30%, c’est une prévision d’augmentation de plus de 10 points qui est faite, soit près de 40% de pauvres en Martinique d’ici la fin de l’année.
Que dire de la saignée faite à la culture, lorsque les librairies et bibliothèques sont amenées à fermer, malgré tous les efforts et investissements faits. Que dire de nos artistes, dont on sait pertinemment que l’absence de solutions innovantes et de justes, rapides aides financières, les conduits à un inexorable glissement vers la précarité ?
Ces pratiques gouvernementales brusques, prises dans une précipitation injustifiée et leurs déclinaisons territoriales doivent cesser car leur impopularité grandissante plonge, d’ores et déjà, un grand nombre de citoyens dans des postures et position de rupture civique. Des comportements de déni, portés par une sphère complotiste virtuelle active se multiplient. Ils sont dangereux pour la sécurité sanitaire à laquelle, néanmoins, nous participons à une presque totale unanimité. Nul ne peut en douter.
Béatrice BELLAY
Première Secrétaire Fédérale