Bondamanjak

Les Damnés de la terre…

Par Gloriah Bonheur
Les damnés de la terre…
Une pièce de théâtre qui prend tout son sens dans la France d’aujourd’hui.
Jacques Allaire, comédien, plasticien et metteur en scène de talent reprend le dernier texte écrit par Frantz Fanon avant sa mort et l’adapte au théâtre.

Cette pièce a le pouvoir de réveiller les esprits inconscients et de dénoncer les secrets évanouis et les douleurs enfouies d’une histoire pas si lointaine que ça.
Nous sommes dans les années soixante en Algérie pendant la guerre d’indépendance.
Dès le début de la pièce, il nous est rappelé à travers l’oeuvre de Fanon que le colonisé ne pouvait se définir en tant qu’être humain mais qu’il était alors considéré comme un être sans valeur réduit à néant.

Nous pénétrons au coeur des humiliations et violences subies par le peuple Algérien dont le devoir était de devenir français et de se sentir français. A cette époque, le mépris pour les colonisés est de rigueur et ceux-ci ont intégré qu’ils ne sont que des êtres inférieurs dépourvus d’intelligence et ayant absolument besoin de la France pour se construire et s’émanciper.

Les comédiens, dans la justesse et l’émotion à chaque instant, endossent les uns après les autres les rôles de victimes et de bourreaux. Des masques tombent, nous entrons dans le vif du sujet. A aucun instant, le spectateur n’est épargné par la dureté du sort des opprimés.

Nous reconnaissons bien ici la force de la plume engagée et dénonciatrice de Fanon, figure mythique de la lutte anticoloniale, grâce à une mise en scène brillante.
Les éléments du décor ne cessent de surprendre tout au long de la pièce par leur multiples fonctionnalités, pour servir l’histoire d’un pays et réinventer une époque à chaque tableau. L’arbre renversé, situé en plein centre de la scène, est accroché par les racines comme pour signifier que l’équilibre de la nature, des hommes et de la vie se voit complètement bouleversé par la tyrannie.

Il est donc plus qu’urgent de découvrir ou redécouvrir ce texte puissant qui nous plonge dans les racines du racisme et du reniement de son identité.

Une pièce qui a été jouée au TARMAC du 5 Novembre au 6 Décembre 2013, et que nous espérons pouvoir apprécier aux Antilles.
Une tournée est prévue.

Gloriah BONHEUR

d’après l’œuvre de Frantz Fanon
un spectacle de Jacques Allaire
avec Amine Adjina, Mohand Azzoug, Mounira Barbouch, Jean-Pierre Baro, Criss Niangouna, Lamya Regragui
scénographie Jacques Allaire, Dominique Schmitt
lumière Christophe Mazet
son Guillaume Allory, Jacques Allaire
costumes Wanda Wellard
accessoires Dominique Schmitt, Guillaume Allory, Camille Artigues
construction du décor Atelier du Théâtre des 13 Vents – CDN de Montpellier
stagiaire assistant à la mise en scène Marcel Camilleri / stagiaire costumes Emilie Paquet