Ponctuel comme le Beaujolais, le nouveau Tony Delsham est arrivé. Reste à savoir si cette nouvelle face de Râ brille en contenu comme un vin divin. Et peut donc offrir ses lumières à une Martinique qui s’enivre dans une errance rare et rance.
L’auteur s’expique : Je ne prétends pas donner de leçons aux élus qui sont des hommes et des femmes admirables dans une société qui, au quotidien, leur demande tout et le contraire de tout. Je suis celui qui a déclaré la guerre à la littérature de la victimisation dès mon premier roman. Il n’y a pas chez moi de victimes larmoyantes, mais des héros gagnants, ils ne subissent pas le fouet, ils arrachent le fouet. Ils ne se vautrent pas dans le passé, ils maitrisent ce passé. Pourtant dans la réalité, ce passé que nous n’avons pas appris dans les livres d’histoires mais bien de la bouche de ceux qui ont connu l’esclavage, pollue notre présent. A moi, par exemple la mère adoptive de mon père que nous appelions Tante Germanie m’a dit : « Dans cette maison que tu vois-là, habitait une femme née esclave, je l’ai connue, je lui parlais souvent. Tout le monde disait qu’elle n’avait pas d’âge, qu’elle a toujours été aussi vieille. Elle pleurait tout le temps, quand elle nous racontait ce qu’elle a subi »
Cette tante est morte à la fin des années 90 à l’âge de 100 ans 199O moins 1OO ans, cela fait 1890. Autrement dit, tante Germanie est née 42 ans après l’Abolition. Et ses oreilles, comme les oreilles de ceux de sa génération étaient emplies de la douleur de l’esclave. Elle disait autre chose tante Germanie et toutes les tantes Germanie de la Martinique, elle disait : « Tu sais, c’est grâce au béké France que l’esclavage est terminé. Parce que pour elle il y avait les bétyé France et les bétyé péi. Dans la mémoire des tantes Germanie, il a également la peur. La peur que le béké France cesse de nous aimer, et nous abandonne alors que le béké péi est encore là. Présent et tout puissant.
Cette entrée en matière pour vous dire qu’en 2009, nos élus sont confrontés à cette peur. Nous n’avons pas meublé notre imaginaire de nos forces et de nos faiblesses mais uniquement de nos faiblesses véhiculées par une littérature de la victimisation. Alors le débat qui se déroule actuellement est totalement vicié.