Par Catherine Conconne.
Fin d’année 2009, la #Martinique est plongée dans une crise sans précédent. Le PIB négatif de 6,5 % nous fait rentrer de plein pied dans une période historique de récession économique. Le chômage est à son plus haut niveau et la crise de confiance des entrepreneurs marqués par les évènements sociaux de février ne sont pas des ingrédients concourant à créer de l’optimisme. 12 000 emplois ont été perdus en 5 ans avec un pic historique entre décembre 2008 et mars 2009 qui se chiffre à 4 000. Le taux de chômage moyen annoncé officiellement est de 25 %.
C’est dans cette ambiance désastreuse que Serge #Letchimy annonce en février 2010 sa candidature aux élections régionales de mars de la même année.
Dans une telle atmosphère, il fallait redonner confiance et optimisme et surtout se donner les moyens de retrouver au moins 5 000 emplois sur les 12 000 annoncés comme perdus sur 5 années précédentes.
L’annonce est faite par cette équipe en campagne : Objectif : retrouver 5 000 emplois. C’est vrai que le défi était de taille surtout dans un pays où beaucoup se contentent de faire campagne sur des petites phrases chatoyantes et séduisantes au créole pimenté.
Le président de Région nouvellement élu se met au travail dès son élection. Il faut en priorité et comme convenu dans son programme créer les conditions d’une relance économique d’urgence. Plusieurs mesures très concrètes sont décrétées :
Plan de relance d’urgence par la mise en chantier immédiate grâce aux apports financiers supplémentaires de la Région à tous les projets de toutes les communes.
Plan massif d’interventions sur les bâtiments régionaux et en particulier les 23 lycées,
Mise en place d’un guichet itinérant de médiation fiscale et sociale pour les entreprises,
Déblocage urgent de tous les chantiers d’insertion pour créer un retour à l’activité pour au moins 300 bénéficiaires en difficulté de réinsertion.
Un plan habitat d’urgence qui prend en compte par l’apport supplémentaire nécessaire de la collectivité tous les dossiers de réhabilitation financés par l’Etat,
Pour le plan de relance d’urgence, commence dès lors le marathon des communes. En à peine un mois, le président de Région rend visite aux 34 communes de Martinique. Les maires sont fortement sollicités pour sortir tous leurs projets prêts à démarrer mais qui ne présentent un déficit de financement. Près de 250 chantiers sont ainsi sélectionnés sur lesquels la Région porte la part manquante qui se chiffre à pas moins de 78 millions d’euros. Au mois de juin 2010, le plan de relance d’urgence est adopté en plénière de la Région. L’opposition MIM s’oppose alors fortement à cette initiative.
C’est ainsi que sont sortis de terre des chantiers emblématiques tels l’aménagement du Front de Mer de sainte Marie (80 % d’apport régional), le hall des sports des Anses d’Arlet, la piste cyclable de Ducos, le front de mer de case-Pilote, un centre d’accueil de la petite enfance aux Trois Ilets, la rénovation de la Mairie et des ateliers de Sainte-Anne, la médiathèque de Sainte-Luce et de Saint-Esprit,….
Ces travaux déclenchent un véritable boom d’activités et permettent ainsi à des dizaines d’entreprises de retrouver un carnet de commandes plus actif et ainsi de créer et de pérenniser des emplois. La mesure est régulièrement évaluée et c’est ainsi que l’on a pu comptabiliser après sondage auprès des entreprises la création de plus 800 nouveaux emplois générés par ce surcroit d’activités.
Les bâtiments régionaux subissent aussi des travaux et les lycées sont fortement impactés. Sur la seule année 2011, ce sont pas moins de 13 millions d’euros qui sont investis par la collectivité pour garantir aux lycées les meilleures conditions d’accueil de leur public. Seuls deux lycées sur 23 détenaient à cette époque un avis favorable des différentes commissions de sécurité qui n’avaient eu de cesse de signaler les graves manquements de mise aux normes électriques, de gaz,….leur empêchant de délivrer ce fameux sésame.
Un guichet itinérant regroupant tous les services publics œuvrant aux côtés des entreprises fortement malmenés par la conjoncture est mis en place : les chambres consulaires, la sécurité sociale, le pôle emploi,….sillonnent le pays autour de la collectivité régionale. Des rencontres de proximité sont ainsi organisées dès le dernier trimestre de l’année 2010. Plus de 1 500 entretiens individualisés sont tenus sur 12 territoires différents. Un premier dispositif d’urgence est mis en place par la collectivité :
Le plafond de l’aide à l’embauche dans les secteurs du BTP et du tourisme est porté de 1,2 smic à 1,5,
2 fonds supplémentaires sont créés pour la reconstitution du fonds de roulement et la modernisation des entreprises.
La Région dote Martinique Initiative de moyens financiers supplémentaires pour augmenter les prêts à taux zéro et porte le délai de remboursement, le portant ainsi de 5 à 7 ans.
Un plan important de chantiers d’insertion est immédiatement mis en œuvre. 1 million d’euros de complément d’apport est voté par la collectivité dès juin 2010 et permet ainsi le démarrage de pas moins de 21 chantiers d’insertion sur l’ensemble du territoire martiniquais. 300 bénéficiaires très éloignés de l’emploi sont impactés par cette mesure.
Concernant le logement, près de 800 mesures d’octroi d’aides par l’Etat au titre de l’Aide à l’Amélioration de l’Habitat (AAH), certaines remontaient à 2004) ne sont pas activées. Parmi ces bénéficiaires, 170 sinistrés du cyclone DEAN qui avait frappé la Martinique en 2007. Les foyers impactés sont pour la plupart des retraités faiblement pensionnés qui peinent à porter la part personnelle réclamée. Près de 3 millions d’euros sont ainsi débloqués et permettent ainsi à un tissu important de petites entreprises du bâtiment de réaliser ainsi travaux de maçonnerie, d’électricité, de plomberie,….
Alors comment ne pas se dire aujourd’hui que le défi a été relevé ?
Comment ne pas se dire que toutes ces mesures ont eu de l’effet et ont contribué fortement aux statistiques annoncées du chômage à la Martinique fin 2014 ?
Comment ne pas croire que les efforts, l’audace et ont porté leurs fruits ?
Comment ne pas être plus que jamais convaincus que sortir du constat était absolument nécessaire et qu’il fallait trouver force, énergie et détermination pour affronter une situation extrêmement préoccupante ?
Le bilan est au rendez-vous des efforts : Selon les statistiques de l’INSEE, au 31 décembre 2014, la Martinique est le seul pays d’outre-mer à enregistrer un coup de frein aux chiffres de croissance du chômage : +0,2 %. Mieux, le taux de chômage passe historiquement sous la barre des 20 % pour clôturer l’année sur une moyenne de 19,4 %. Les emplois salariés du privé atteignent à ce jour 74 086 effectifs contre 71 742 en 2009 (source : URSAFF). Oui, à ce jour et si l’on tient compte uniquement les effectifs retrouvés du secteur privé, la Martinique a déjà « retrouvé » déjà près de 3 000 emplois et rattrape déjà une partie du lourd déficit affiché en début de mandature.
Si l’on compare les performances martiniquaises aux autres DFA, là-aussi, l’optimisme doit être de mise. Je cite : « Martinique : le marché du travail reste nettement plus porteur que celui des autres départements français d’outre-mer. Il s’agit du seul DOM à avoir un taux de chômage en dessous des 20 % » – INSEE FLASH n° 17 de juin 2015
2010, oui, il fallait honnêtement afficher les performances attendues, les défis à surmonter, accepter d’être jugés sur un bilan, sur des statistiques et des chiffres. Oui, il fallait accepter courageusement les challenges à relever, se contraindre au bras de fer avec une certaine fatalité pessimiste de crise chronique. Oui, il fallait accepter de regarder la Martinique, les yeux dans les yeux et tout faire pour que le cap soit porté vers le progrès.
Tout au long de la mandature, les mesures n’ont jamais cessé d’être plus que jamais innovantes, la garde n’a pas baissé, le niveau d’investissement de la collectivité a doublé pour permettre à l’activité de retrouver du souffle, aux entreprises de croire en des lendemains meilleurs.
Le challenge est plus que jamais de mise ! Il faut poursuivre la bataille pour plus d’égalité devant l’emploi, pour plus de justice économique qui donne sa chance à tous de se retrouver tous ensemble au rendez-vous de la conquête. Oui nou fey !
NOU PARE, OUI NOU PLIS KI JANMEN PARE
Catherine Conconne