Il est temps, en ces derniers jours de décembre, de dresser le bilan des promesses non tenues du
président Sarkozy. 2008 fut sa première année entière d’exercice
présidentiel. Une année agitée mais maussade pour le Monarque :
désastre des élections municipales, tensions internationales, remontée
du chômage, présidence européenne sur fonds de crise mondiale. Les
sujets n’ont pas manqué pour justifier le volontarisme du Monarque.
Mais le divorce entre Sarkozy et les Français semble consommé : au-delà
de ses agapes amoureuses et dérapages Bling Bling, Nicolas Sarkozy paye
d’avoir trahi certaines promesses.
L’intégralité de son programme ne pouvait évidemment pas s’accomplir en 86 semaines de présidence.
La
critique vise ailleurs. Sur certains sujets, il nous avait promis des
résultats rapides. Jugeons-le aux actes. La liste qui suit est une
première revue, non exhaustive, des engagements non tenus mais qui
auraient dû l’être, un abécédaire des échecs de l’année qui devrait
troubler l’électeur du 6 mai.
"J’aiderai
les familles à chacune des étapes de leur existence. En particulier,
j’allouerai des allocations familiales dès le premier enfant." promettait Sarkozy dans son "projet" électoral. En avril dernier,
on apprenait que que les bonifications accordées pour les adolescents
ne seraient plus versées dès les 11 ans, mais après 14 ans. Tout ça
pour économiser 138 millions d’euros sur le dos de 4,5 millions de
familles.
Banlieues
politiques de Nicolas Sarkozy en mai 2007. Elle incarnait aussi un
espoir de rénovation et de réhabilitation des banlieues : site web
participatif, déclarations tonitruantes sur le "plan anti-glandouille" en août 2007, puis annonce d’un plan "Banlieues Espoirs" en février 2008 soit-disant doté d’un milliard d’euros ! La promesse d’un contrat de travail unique
sensé simplifier les embauches en banlieues est vite oubliée. Le plan
Amara regroupe des dépenses gérées par d’autres ministères. Dix mois
plus tard, le 17 décembre dernier, Nicolas Sarkozy reconnait que le
plan est un échec.
un point de croissance du PIB supplémentaire. On lui reprochera d’avoir
négligé le contexte international. L’éclatement des subprimes
américains date de … l’été 2007. Dès septembre, Bruxelles, l’INSEE ou
l’OCDE contredisaient les prévisions gouvernementales. Dès le second
trimestre 2008, la production industrielle baissait. Le 29 mars dernier, nous écrivions : "Sarkozy voulait la rupture, il aura la crise mondiale."
maîtrise de nos finances publiques est un impératif moral autant que
financier. Les jeunes générations ne peuvent accepter que les
générations actuelles vivent à leur crédit" dixit le candidat Sarkozy. Avant même le déclenchement de la crise mondiale au second semestre, les déficits publics s’envolent et la promesse d’équilibre budgétaire en 2012 devient obsolète. La défiscalisation des heures supplémentaires aggrave les comptes de l’Etat, de la Sécurité Sociale et des retraites : 615 millions d’euros pour le seul dernier trimestre 2007 dans les comptes de la Sécu ! Dès mars dernier, Fillon suspend la promesse de réduire de 68 milliards d’euros pendant la mandature les prélèvements obligatoires. Le 4 avril, Sarko annonçait 166 "mesurettes"
pour économiser 7 milliards d’euros. On les a déjà oubliées ! Pour
2009, le seul déficit budgétaire de l’Etat est prévu à 80 milliards
d’euros par le gouvernement.
de son discours de vainqueur, au soir du 6 mai, Nicolas Sarkozy fut
lyrique. En matière de droits de l’homme, on allait voir ce qu’on
allait voir; 19 mois plus tard, le mensonge est patent: la France s’est
réconciliée (si tant est qu’elle fusse fâchée) avec la quasi-totalité
des dictatures du monde, pour reprendre un fructueux dialogue …
commercial ! Syrie, Russie, Chine, Tunisie, etc, qui n’a pas sa centrale nucléaire ou ses avions Dassault ? La Françafrique continue. Même Bernard Kouchner a fait son mea culpa: un secrétariat d’Etat aux Droits de l’Homme ne sert à rien selon lui. Les droits de l’homme sont bel et bien oubliés.
un catalogue de bonnes intentions dont le financement fut reporté à
l’examen d’une seconde loi début 2009. Lors du dernier Conseil
Européen, son président, le même Sarkozy, est parvenu à un compromis minable sur l’engagement européen à l’horizon 2020: à peine 4% de réduction des émissions carbone sur son territoire. La belle affaire !
Franchises médicales
En janvier 2007, Sarkozy promettait la lune. Rappelez-vous: "Je
ne pense pas qu’il y ait matière à beaucoup d’économies dans la santé.
Compte tenu de l’allongement de la durée de la vie, du progrès médical
et de l’aspiration bien naturelle de nos concitoyens à vivre en bonne
santé, l’investissement dans la santé sera forcément majeur." Le
1er janvier dernier entraient en vigueur … de nouvelles franchises
médicales pour économiser quelques 650 milliobs d’euros par an sur le
dos des malades.
Gouvernement resserré
Le
décompte réel des effectifs du gouvernement révèle qu’il n’est pas si
resserré que promis par le candidat. Entre septembre 2007 et juillet
2008, selon l’annexe au projet de loi de finances pour 2009,
les affectations dans les cabinets ministériels ont crû de 397
personnes et le montant des primes distribuées a progressé de près de 5
millions d’euros.
Immigration
En 2008, Brice Hortefeux peu se targuer d’un succès : au prix de quelques compromis, il fait adopter un pacte européen
interdisant les régularisations massives. Mais derrière cet arbre, se
cache une forêt d’illusions : l’immigration, thème majeur de Sarkozy en
campagne, était (et reste) une diversion : sous couvert de quelques
nominations au gouvernement (Rachida Dati, Rama Yade et Fadela Amara)
Sarkozy s’est permis ce que jamais la France n’a connu depuis la France
de Vichy: création d’un ministère de l’Identité Nationale, regroupement familial durci jusqu’aux tests ADN, tests de Français, quotas ethniques par métier, rafles et traques jusque dans les écoles, industrialisation de la rétention, et … tribunaux pour étrangers.
Rachida Dati a même dû préparer une modification constitutionnelle, et
créer une commission ad hoc, pour faire passer ce changement de régime.
Si l’on retire les expulsions à Mayotte (17 000 par an), le nombre d’éloignements dépasse péniblement les 10 000 cette année encore. Tout ça pour ça !
Immobilier
Favoriser
l’accession à la propriété était l’une des priorités de Sarkozy. Le
président nous vantait même les vertus du crédit hypothécaire ! Les
mesures de soutien furent votées en 2007. Un an plus tard, on mesure
combien le projet était anachronique. La crise des subprimes a éclaté à
l’été 2007. La bulle immobilière en France était prête à exploser. De
janvier à juin 2008, les crédits immobiliers ont chuté de 11%.
La défiscalisation des intérêts d’emprunts n’a servi à rien. Les
faillites boursières et le resserrement général du crédit ont achevé
les ambitions présidentielles.
police de proximité mise en oeuvre par M. Jospin a abouti à ce que,
pour la première fois dans l’histoire de France, on a dépassé les 4
millions de crimes et délits").
Pouvoir d’achat
Cf "Travailler plus pour gagner plus."
suis également partisan d’une grande loi pénitentiaire permettant à
notre démocratie de définir ce qu’elle attend de ses prisons et de se
donner les moyens de sa politique dans ce domaine." Depuis, les records de surpopulation sont dépassés de mois en mois. Le 28 juillet, Rachida Dati présentait quelques mesurettes.
Rachida Dati a fait voter une loi. Mais son texte officialise en fait
les exceptions à cette protection des sources, qui sont "à titre
exceptionnel et à condition que la nature et la particulière gravité du
crime ou du délit et les nécessités des investigations le justifient" comme le terrorisme par exemple…
Retraites
Contrairement à ce qu’on nous raconte, la "grande"
réforme des retraites n’a pas eu lieu. En fait, le gouvernement Sarkozy
n’a fait que dégrader le régime par petites touches: suppression des pré-retraites de 57 à 60 ans, revalorisation a minima des pensions ( moins que l’inflation en 2008), allongement à 41 ans de la durée de cotisation retraite passera mécaniquement à 41 ans, en application… de la loi Fillon de 2003.
Le
véritable impact de Sarkozy sur les retraites fut la loi TEPA : la
défiscalisation des intérêts d’emprunts immobiliers, et des heures
supplémentaires (pour ne citer que les deux plus importantes) creusent
le déficit des caisses des retraites de quelques 2,5 milliards d’euros par an…
l’un des engagements les plus démagogiques du candidat: le 18 décembre
2006, il promettait de supprimer tous les ans-abris dans les deux ans.
Le 18 décembre dernier, il y avait (évidemment) encore pas mal de
sans-abris en France. Près de 350 d’entre eux sont même morts de froid
cette année. Le 29 janvier dernier,
à quelques semaines de la fin de l’hiver, Fillon avait fait un geste,
un plan pluri-annuel pour prévenir les expulsions locatives et un
programme de "réhabilitation des centres d’hébergement et d’augmentation des capacités." Comme un bégaiement de l’histoire, Sarkozy répéta quasiment mot pour mot les mêmes promesses en décembre…
Seniors
"Je mets d’ailleurs les entreprises devant leurs responsabilités. On doit garder les quinquagénaires dans les entreprises" nous expliquait le candidat de la droite en 2007. On croyait qu’il allait agir sur les employeurs. Quel malentendu ! En mai dernier, les (futurs) retraités ont eu confirmation que (1) leur pension n’augmenterait que de 1,9% (1,1% en mars, 0,8% en septembre), (2) les pré-retraités de 57 à 60 ans devraient pointer prochainement au chômage, (3) la durée de cotisation retraite passerait mécaniquement à 41 ans et (4) qu’ils risquent d’être radiés du chômage après deux refus d’emploi comme tout chômeur. 60%* des seniors (55 à 65 ans) ont été ainsi précarisés en quelques jours.
ce projet censé relancer la construction européenne s’écrasait en
Irlande, seul pays européen à avoir choisi la ratification par référendum.
Déjà lourd de quelques centaines de pages, ce traité fut encore
charcuté lors du dernier Conseil Européen de l’année, le 12 décembre
dernier. On veut nous faire croire que tout va bien…
Même
si l’examen de cette loi est reportée au 15 janvier 2009, ses
supporters devraient s’interroger sur le rétrécissement brutal de son
périmètre. Nicolas Sarkozy, qui travaille lui-même rarement le dimanche,
a usé et abusé du fameux exemple des ouvertures de magasins sur les
Champs Elysées à paris. In fine, il a accepté de limiter le projet de
loi à la légalisation des ouvertures actuelles.
"Travailler plus pour gagner plus"
exonérait les heures supplémentaires d’impôt et de cotisations
sociales. Effet d’aubaine, les entreprises ont pu en profiter. Le
marché de l’intérim s’est effondré dès le mois d’avril. En 2007 déjà, les Français n’ont pas travaillé plus.
Le pouvoir d’achat a-t-il cru pour autant ? Non. L’envolée des prix de
l’énergie et des matières premières conjuguée à une faible augmentation
des salaires ont sabordé l’efficacité du dispositif. En 2008, le
pouvoir d’achat des Français a baissé, le chômage technique s’étend,
les destructions d’emploi se multiplient. On ne cherche pas à
travailler plus, mais à travailler tout court.
Un
an plus tard, le constat tient toujours. En 2007, Sarkozy a conduit une
campagne électorale victorieuse, sur des promesses intenables, ou des
mensonges grossiers qui n’engagent que ceux qui y ont cru. Le débat
électoral méritait mieux que ces intoxications.