Bondamanjak

A LA MEMOIRE D’ANDRE FORESTAL

Jusque là, je ne connaissais pas Monsieur Forestal, personne ne m’avait recommandé, aucun lien social ne nous reliait ni directement, ni par personne interposée, et pourtant, quand je l’ai vu pour lui exposer mon problème de titularisation, et surtout cette collaboration impossible avec cette affreuse demoiselle, 

IL m’a écouté,
IL n’a pas mis en doute ma parole,
IL a compris ma souffrance.

Mieux, IL s’est engagé en me donnant l’assurance d’agir, pour me tirer de ce mauvais pas, moi l’anonyme, moi le jeune documentaliste-archiviste  sans « filon » ni protection.

Je l’ai trouvé comme un bouclier, pour dire au nom de l’administration départementale, que c’en était assez, et que l’on ne pouvait comme à plaisir, briser l’avenir  professionnel d’un stagiaire, dont on n’avait au demeurant strictement rien à lui reprocher.  

André FORESTAL s’est mis tout naturellement, avec altruisme, au service de la cause de l’opprimé administratif que j’étais, dans ces années 1987-1988 où on ne parlait pas de harcèlement moral, et où le fait même d’évoquer l’arbitraire d’un chef de service était un crime de lèse majesté.

C’est dire la grandeur d’âme de ce compatriote, qui a illustré avec force le précepte : on est ce que l’on fait et non ce que l’on dit.

Car, ce qu’il a fait pour moi, il l’a aussi fait pour d’autres, pour beaucoup d’autres, et tous les anonymes, tous ces collègues qui étaient à la cérémonie d’hier à Terreville, étaient là par leur présence pour le témoigner.

Témoigner de la générosité agissante d’André FORESTAL.

Loin de cette société du spectacle, puisse-t-il demeurer un exemple pour nous,

NOUS les sans grade,
NOUS les sans appartenance hiérarchique
NOUS issus de ce magma colonial, dont la naissance pour beaucoup encore, devrait nous prédestiner à l’inférieure condition.

«… Car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs  n’est pas un proscenium, car un Homme qui crie n’est pas un ours qui danse… » disait Césaire. André Forestal savait ce qu’est l’arbitraire, par expérience il connaissait la nocivité de ces administratifs complexés qui n’existent que par l’usage malveillant qu’ils font du pouvoir confié pour faire avancer le service public.

Le mérite d’André Forestal a été bien des fois, avec un sens d’élémentaire justice, de contrer ces abus en tendant simplement la main, à ceux qui supportaient dans le silence complice l’insupportable.

Au fond de ma conscience sa stèle est érigée,
et de mots de vérité je l’honore!

Fort de France le 24 février 2010

Max Balustre