Nous sommes en Martinique, une succursale du pays qui prétend avoir enfanté les droits de l’homme et du citoyen…Abou Boiki est ivoirien. Il a 33 ans. Depuis plus de 9 ans il vit en Martinique, il travaille en Martinique, paie des impôts en Martinique. 9 ans que ça dure. En août dernier, les autorités françaises ont répondu négativement à sa demande de naturalisation. Abou est un sombre porteur de boubou, il n’est pas ingénieur ou savant, il n’a pas eu le Prix Nobel de je ne sais plus quoi… il est magasinier.
Il est dans une association sportive où il est accepté pas comme un sportif qui peut rapporter des médailles mais comme un humain. Tout simplement. Ce jour, Abou Boiki qui est d’une discrétion rare va à la Préfecture à Fort-de-France le chef lieu de département pour renouveler son titre de séjour.
La femme qui le reçoit est comme tous ces fonctionnaires qu’on sollicite le VENDREDI…alors qu’ils sont concentrés sur la trotteuse de l’horloge qui se rapproche de 11h30.
Abou a droit à ce mépris structurel qui est souvent véhiculé par une voix imbécile qui mérite plus que des claques : « C’est mon chef qui m’a dit que vous n’avez pas assez de revenus et comme vous n’avez pas assez de revenus , vous ne payez pas assez d’impôts, et comme vous ne payez pas assez d’impôts, on ne peut pas vous donner une carte de séjour ». Vous avez compris le niveau du mépris. Abou sait qu’il a 30 jours pour réagir. 30 jours pour rappeler à la France le pays des droits de l’homme que le droit existe. A suivre.