Pendant quatre ans un homme a été détenu dans une des prisons les plus dangereuses du monde aux portes de Caracas au Venezuela. Son nom : Juan Alberto Chirino Ariza. Son matricule : Chef d’escales à Air France. Son crime : Trafic de stupéfiant ; 1,5 tonnes de cocaïne embarqué dans un Boeing 747 d’Air France débarqué à Roissy Charles de Gaulle en toute simplicité.
Le Premier Ministre français d’alors, Manuel Valls, fraîchement nommé, ignorant les dessous du dossier débarque à l’aéroport de Charles de Gaulle et devant les caméras du monde entier stigmatise les pays producteurs de cocaïne que sont la Colombie et le Venezuela.
Oups…. Si cela est vrai que la Colombie produit de la cocaïne, le Venezuela est la première réserve mondiale de pétrole et le Président Maduro va très mal le prendre. Très mal !
Une enquête va permettre l’arrestation de vingt personnes dont le plus haut militaire chargé de la lutte contre les stupéfiants mais également l’arrestation et la détention d’Alberto Chirino.
L’enquête va très vite mettre hors de cause ce dernier et pourtant Alberto Chirino dort en prison !
En effet, toute la séquence de mise en place des bagages dans les soutes sont filmées et démontreront que chaque fois que le responsable Chirino arrive sur les lieux toute l’équipe de manutentionnaires adopte un autre comportement que lors de son absence !
Aucune proximité, bien au contraire, une distance hiérarchique normale s’installe et disparaît dès lors qu’Alberto Chirino disparaît du champs d opération.
Une enquête téléphonique va mettre en lumière les appels entre les différents protagonistes avant, pendant et après l’embarquement de la drogue ! Mais pas un appel sur le portable d Alberto Chirino.
Branle-bas de combat à la direction d’Air France, à Matignon mais également à l’Élysée pour sauver le soldat Chirino.
C est le ténor martiniquais, Alex Ursulet qui sera chargé d’assurer La Défense de celui-ci.
Pendant quatre ans, en toute discrétion, il va essayer par tous les moyens de faire libérer son client et faire admettre son innocence.
La situation du pays Vénézuélien va se dégrader de mois en mois. L’avocat va assister impuissant à une accélération du processus de délabrement du Venezuela. Entouré des meilleurs avocats pénalistes vénézuéliens, ils vont d’abord affronter un système judiciaire d’un autre temps.
Alex Ursulet souffre car il ne peut pas protester ni pester trop fort contre la barbarie car il sait que si il le fait, il mettra son client et l’intégrité de ses confrères en difficulté majeur.
Tout en menant un combat âpre sur le plan judiciaire, il va entreprendre une défense politico-diplomatique : il va déployer une démarche tout terrain allant du parti communiste français aux proches des dirigeants de la France insoumise. Des premiers Ministres de la Caraïbe au Ministre de la justice cubaine. En vain !
Il va infiltrer le premier cercle du Président Maduro mais la tension grandissante à Caracas réduit sa capacité de mouvement.
Le couvre feu est permanent et les risques en tout genre plombent sa robe noire d’ avocat sans frontières et l’obligent à modifier sa stratégie en l’amenant à prendre des risques de plus en plus grands pour faire entendre sa voix. C’est donc silencieusement que tout les mois il prendra son bâton de pèlerin et frappera à toutes les portes : en vain !
L’Ambassadeur de France se souviendra longtemps des ruades de l’avocat révolté !
Pendant un an et demi, le Tribunal Pénal de Macuto tiendra audiences surréalistes sur audiences stupéfiantes obligeant le guerrier à avaler des boas constructors. Il deviendra l’intime des cercles chavistes les plus sophistiqués mais Maduro ne veut rien entendre et AU, toute colère rentrée ne cède pas un pouce du terrain, en vain .
Pendant toutes ces années, sans jamais s’épancher, avec une obstination forcenée, le soutien de la famille d’Alberto, l’appui inconditionnel d’Air France, il vivra une des aventures les plus pénibles de sa carrière.
Mais la vie continue et la défense d’Alberto et l’activité de son cabinet parisien le tiendront éloigné d’événements auquel il aurait voulu participé comme la campagne aux élections territoriales de la Martinique ou d’autres mais, nécessité faisant loi, Alberto Chirino restera toujours sa priorité .
Finalement au terme du procès de première instance, le Tribunal reconnaît l’innocence de son client mais le Procureur fait appel et Alberto reste en prison.
L’avocat est KO debout mais continu à se battre.
C’est finalement au terme d’un procès à la Cour d Appel, après un coup de théâtre, digne des plus grands romanciers sud américains, ou le procureur tentera d’impliquer la France dans un processus d’infiltration de la drogue, insinuant la participation de l’octris et des services secrets français dans ce vaste trafic, qu’Alberto sera de nouveau reconnu innocent et franchira les portes de l’enfer. Libre enfin libre.
À ne pas en douter, ce combat d’un autre âge à une heure trente du TGI de Fort-de-France lui a permis de méditer sur les vertus du message cheguevarien « Hasta la victoria siempre»