La Dizac, lundi 8 août 2005. Des emballages en plastiques, en cartons, des papiers, des bouteilles vides, des canettes, des timbales, couchés en ligne le long des « razié ». Des sacs de supermarché, le sac poubelle du « débouya-pa-péché », entassés sous des arbres, contre un mur, au milieu d?une pelouse. Des ajoupas en plastique dépareillés, de guindois, épaule contre épaule, sur la plage du cimetière. Misérable, triste, pathétique lendemain de mascarade. Aujourd'hui, le Diamant petite commune si pittoresque du sud de la Martinique avec son appontement onéreux et décoratif, sa place de l?Eglise transformée en piège à gogos, ses magnifiques plages rognées peu à peu par la mer, dans l'indifférence générale, ses blancs bien bronzées partout, ses boutiques de souvenirs à la place des Débits de la Régie de naguère, ses poubelles vidées, était pourtant d'une saleté inhabituelle. A qui profite le tour des yoles ? Peut-être qu'on s?en doute un peu. Mais il est sur que ce n'est pas à la nature, malmenée, polluée, torturée, usée. Pas aux derniers touloulous, enfouis profond, fuyant les infernales sonos. Non plus à l'hygiène ou à l'image de marque des habitants de ce pays. Même un chien sait qu'il ne doit pas chier à proximité de sa niche. Le problème c'est que peu ont compris que la niche c'est la Martinique elle-même et pas seulement la commune, le quartier, la maison. On dit que la langue d'un peuple est le miroir de son âme. Comment dit-on jeter en créole ?
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