Bien sûr, ni Barbier ni Brézet ne proclament ouvertement que les Antillais sont d’une fainéantise qui atterre : ils y mettent quelques formes et commencent, notamment, par concéder que, oui, neffet, il y a quelques inéquités sous le soleil DOMique. Barbier : « Les inégalités économiques et sociales sont immenses outre-mer, où elles se transmettent par mariage et héritage, et se protègent par une ségrégation douce. » Brézet : « Il y a en Guadeloupe, et dans tout l’Outre-Mer, des écarts de richesse que l’Histoire éclaire sans toujours les justifier [2]. »
Mais ce n’est pas une raison pour s’énerver : une chose est de prendre acte du néocolonialisme, une autre est de trop s’en offusquer. Barbier brame : « L’État républicain […] ne saurait cautionner une spoliation vengeresse ni ouvrir aux frais des métropolitains un guichet dégoulinant d’allocations injustifiées. » Nous y voilà : nos lymphatiques Antillais-es « vivent aujourd’hui de l’assistance de la métropole », comme l’a si courageusement théorisé l’un de nos plus éminents philosophes [3].
Les Dupont et Dupond de l’éditorial décomplexé, retrouvant un terrain connu, s’en donnent dès lors à cœur joie : « Cette année, la métropole accusée de tous les maux dépensera au total 16 milliards d’euros outre-mer, soit l’équivalent du budget national de la Sécurité », beugle Brézet. (De quoi vous plaignez-vous, ingrat-e-s îlien-ne-s, choyé-e-s « bénéficiaires de cette assistance massive » ?) Barbier conclut, en des termes qui se passent de tout commentaire : « Aux Français des tropiques qui veulent travailler à l’antillaise et consommer à la métropolitaine, rappelons qu’il faut labourer la terre arable pour qu’elle lève d’autres moissons que celle du songe »… Toi comprendre message, bouffeur d’allocs des îles ? Ou si grand penseur blanc devoir répéter toi ?