Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas autant esclaffé en lisant mon courrier. La très officielle lettre du President of Martinique m’annonçant « un avertissement » pour « injure publique » a déclenché chez moi un retentissant fou rire qui mérite d’être partagé avec vous.
On savait le personnage quelque peu fantasque mais delà à penser qu’il se ridiculiserait autant après le départ des élus de l’opposition de la plénière du 22 septembre 2015, il n’y a qu’un pas !
Certes, on se souvient encore de sa fracassante sortie du Palais des Congrès pour une sombre histoire « d’impôt sur les …chauves », expression « malheureuse » prononcée par le Ministre Patrick DEVEDJIAN alors qu’il regardait en direction du Maire de Fort-de-France présent dans l’assemblée. Pour un regard, notre président-sortant avait littéralement pété les plombs. C’est une habitude, me direz-vous !
Passé ce grand moment d’hilarité, je me suis replongé avec délectation dans la lecture de la fameuse missive du President of Martinique… Un pur bonheur !
Le President of Martinique : « En dépit de ces nombreux rappels à l’ordre, au cours de la séance plénière du mardi 22 septembre 2015, vous avez porté de nouvelles accusations très graves à mon encontre, en disant notamment : « Vous avez été pris la main dans le sac ». (sic !)
S’il est bien vrai que l’expression « pris la main dans le sac » trouve son origine dans la métaphore du « pickpocket surpris en plein méfait », elle est aussi synonyme de flagrance, de « pris sur le fait ». La réduire donc à sa seule dimension « délictuelle » conduirait à appauvrir la langue de Molière. À moins, effectivement, que l’on ait quelques délits sur sa conscience ?
Pour autant, je n’autorise pas le Président of Martinique à clamer, urbi et orbi, que je l’aurais insulté. Surtout pas lui ! Son pathétique « lè ou lé , la ou lé… Sé pa an sel manman ka fè an yich méchan » adressé au collège Louis-Félix DUVILLE, puis sa proposition d’un « face à face » avant de me couper le micro, en réponse à nos interpellations en qualité d’élus de l’opposition, prouvent bien que l’insulte se trouve dans son camp.
Faut-il rappeler également les insultes inadmissibles tenues par l’ex vice-présidente à l’encontre de Daniel MARIE-SAINTE : « Connard, Chien abiyé an noum » ou celles de son porte-flingue à l’encontre de la collègue Sandrine SAINT-AIMÉ : « La pintade ferme-la. Occupe-toi de mon étui pénien ! » ou de Madame Corinne MENCÉ CASTER « Vermine à karchériser » ? Et, tout cela, sans le moindre rappel à l’ordre du Président of Martinique, ce qui caractérise bien l’état de délitement du climat politique depuis son arrivée aux affaires en avril 2010.
Mais, poursuivons la lecture de la fameuse missive :
« Ces propos relevant du délit d’injure publique, en application des articles 29 et suivants de la loi du 29 juillet 1881, je me vois dans l’obligation, par cette lettre, (…) de vous adresser un avertissement » (SIC !)
Par un heureux hasard, il se trouve que ledit article de cette loi du 29 juillet 1881 consacre également la Liberté d’expression que l’intérimaire de Cluny voudrait censurer. Ne faut-il pas y voir un symptôme inquiétant d’un retour au macoutisme et à l’instauration, avec la CTM, d’une tyrannie ?
Quant à la sanction infligée par le Pharaon de Plateau Roy à moins deux mois de l’élection de la CTM, elle est tout simplement ridicule et ne grandit pas son auteur.
En tout état de cause, cet « avertissement » n’est pas de nature à inhiber ma liberté d’expression. Elle ne fait que renforcer ma vigilance pour mettre en garde le peuple martiniquais contre les dérives autocratiques d’un Petit Président of Martinique. La liberté d’expression n’est pas seulement consubstantielle à la démocratie, elle en est le symbole même. Quelles que soient les tentatives d’intimidation, je serai toujours là pour la défendre.
Martinique, le 9 octobre 2015
Louis BOUTRIN
Conseiller régional de Martinique