Entre nos deux Georges ça va de mal en pitt à gorges…c’est délicieux…
Réponse de Georges Erichot à M. Georges Para
Politique dans l’économie ou économie politique ? Notre communiqué contestant l’affirmation du président de la Région #Martinique, faisant le bilan de son action depuis mars 2010, qu’il avait créé plus de 4 000 emplois et que la croissance économique de la Martinique entre 2011 et 2013 avait été de 3 % et supérieure à celle quasi nulle de la France a provoqué une réaction du Directeur de l’#IMSEPP, son Institut la Statistique, M. Georges #Para en date du 31 octobre 2014.
Deux remarques préalables. Observons tout de suite qu’il est tout à fait étonnant que M. Georges Para puisse découvrir que Georges Erichot « fait de la politique » et que « nous nous contentons pour notre part d’économie, de statistiques et ne sommes pas intéressés par une polémique aussi tapageuse que stérile ». Le Directeur d’un organisme qui dépend étroitement d’un dirigeant politique s’abrite derrière une prétendue neutralité scientifique.
S’agissant de la politique de l’emploi et de la politique économique, il faut rappeler que l’action de la Région ne peut en être à elle seule responsable, que ce soit en positif ou en négatif.
L’Etat, l’Europe, les banques, le patronat, etc, en sont principalement comptables, sans parler des autres collectivités.
En affirmant le contraire depuis mars 2010 pour rendre ses prédécesseurs responsables de la crise que vivait le pays depuis 2008/2009, l’actuel président du Conseil régional a ouvert les mâchoires d’un piège qui se referme sur lui.
La Martinique n’a pas encore l’Autonomie. L’emploi a diminué depuis mars 2010 S’agissant de la question de l’emploi, Georges Para prétend que le communiqué du PCM soutient que « l’emploi salarié privé aurait reculé au premier trimestre 2014 ». C’est tout à fait faux.
Et de se lancer dans une démonstration tendant à prouver qu’au premier trimestre de 2014 l’emploi salarié marchand a augmenté… par rapport au 3ème trimestre 2013. De 300 salariés, c’est exact.
En réalité, nous avons écrit que l’emploi salarié marchand avait reculé au premier trimestre 2014 par rapport au 2 ème trimestre 2010, époque de l’arrivée au pouvoir de Serge Letchimy à la tête du Conseil régional de la Martinique.
Il était mentionné en effet : « Cependant, selon les chiffres
officiels de l’INSEE, l’emploi salarié privé a reculé de 66 179 personnes au 2 ème trimestre 2010 à 63 006 personnes au 1 er trimestre 2014. Soit 3 173 emplois en moins et moins 4,79 % ». Il n’y rien à changer à cela. Il y a bien un recul de l’emploi salarié marchand depuis le 2 ème trimestre 2010 tel que mesuré par l’INSEE (les établissements marchands de l’industrie, de la construction, du commerce et des services).
Falsifier un propos pour mieux le réfuter n’est pas un procédé honnête. Le Directeur de l’IMSEPP rétorque en outre qu’il prend pour référence les données de l’Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS – STAT) qui recouvrent un champ un peu plus étendu de l’emploi salarié privé car elles incluent les salariés de l’agriculture.
Peu importe, dès lors que les comparaisons dans le temps se font sur le même périmètre.
S’appuyant sur cette source et ne retenant (vicieusement) que les données brutes non corrigées des variations saisonnières, Georges Para fait état d’une augmentation de 1 136 salariés en un an entre le 2ème trimestre 2013 et le 2 ème trimestre 2014 et de 725 salariés au 2 ème trimestre 2014 par rapport au 1 er trimestre de 2014.
Selon la même source, l’emploi salarié privé marchand en effectifs corrigé des variations saisonnières (CVS) moyens n’a augmenté que de 702 salariés entre 2 ème trimestre 2010 e le 2 ème trimestre 2014.
Tout simplement parce que l’emploi salarié a diminué entre temps (particulièrement en 2012) et est remonté un peu début 2014. Et quels emplois ? Mais est-ce à mettre à l’actif de seule région ?
Certainement pas. Autre argument avancé par le Directeur de l’Institut de Statistique régional : il y aurait un point commun aux deux sources (INSEE et ACOSS) car la dernière publication de l’INSEE sur le premier trimestre 2014 « fait état d’une augmentation de l’emploi aux Antilles, en Martinique comme en Guadeloupe », souligne-t-il. Mais c’est ignorer que l’Insee parle pour la Martinique de « hausse timorée de l’emploi salarié marchand » en hausse de 0,5 %, soit plus 300 salariés du 4 ème trimestre 2013 au 1 er trimestre 2014 (essentiellement dans l’industrie) alors que sur un an (par rapport au 1 er trimestre 2013) l’emploi salarié marchand recule de 2,6 %, soit moins 1 700 salariés du secteur privé. . Même question : Est-ce du à l’action de la seule Région ? On verra si l’INSEE confirme cette hausse de l’emploi salarié marchand au 2 trimestre 2014.
Si oui, ce sera tant mieux et ne sera pas à ranger au bénéfice de la seule Région Martinique. Georges Para ne répond pas sur le recul global de l’emploi depuis 2010 Mais surtout, Georges Para ne répond pas à notre communiqué sur le recul de l’emploi global au premier trimestre 2014 de 5 608 emplois depuis le 2 ème trimestre 2010 et sur l’augmentation de 6 056 chômeurs inscrits en catégorie A à Pôle emploi entre mars 2010 et août 2014. Il est plus facile d’accuser mensongèrement : « Il est vrai que Monsieur Erichot fait de la politique et que l’Imsepp se contente d’économie et de statistiques ! ».
Silence et bouche cousue ! La vérité c’est que la situation du marché de l’emploi ne s’est pas sensiblement améliorée jusqu’à une période récente. La croissance économique n’a pas été au rendez-vous.
S’agissant du taux de croissance de l’économie (PIB ou Produit Intérieur Brut = Richessse globale) qui serait de 3 % entre 2011 et 2013 en Martinique contre zéro en France, le Directeur de l’IMSEP s’en tire par une pirouette pour justifier cette pure falsification. Il calcule le taux de croissance de la Martinique, avec force détails inutiles pour faire scientifique, en euros courants, c’est-à-dire en valeur sans déduire l’effet de l’inflation, parce qu’il décrète qu’il n’y aurait pas de moyen technique de déduire l’inflation aux Antilles-Guyane (déflateur). Comment a-t’il fait quand il était Directeur de l’INSEE ? Or pour comparer les taux de croissance, il faut les calculer en évolution réelle (en volume), en déduisant l’inflation. En réalité, selon l’Insee et le Cerom (comptes économiques rapides de l’outre-mer), le taux de croissance économique réel (en volume) de la Martinique entre 2011 et 2013 en Martinique est au mieux de + 0,5 % et celui de la France de + 2,7 %. C’est-à-dire que, sur la période considérée, la Martinique a progressé beaucoup moins vite que la France et a pratiquement stagné. Pire : On peut même indiquer que, selon le cabinet DME(dictacticiel et modélisation économique du Pr Olivier Sudrie) bien connu ici pour avoir travaillé pour la CCIM, s’appuyant sur les données de l’INSEE et du Cerom « la croissance martiniquaise est la plus faible de tous les DOM » entre 2008 et 2013 (- 0,3 %) et entre 2011 et 2013 ( + 0,2%). Polémique ou débat sérieux ? M. Georges Para en affublant du manteau de la Science économique une vulgaire défense et illustration de l’action politique de son donneur d’ordre au moyen de subterfuges (il parle de « subtilités ») ne se « contente pas d’économie et de statistique » mais fait carrément de la politique politicienne. Nous faisons de l’économie politique. Au-delà de ce débat qui prend nécessairement des aspects techniques, il n’est ni « polémique », ni « tapageur » et encore moins « stérile », comme le soutient notre contradicteur, de mesurer lucidement la dégradation de la situation économique et sociale du pays pour pouvoir agir afin d’y remédier dans l’intérêt de notre peuple et de sa jeunesse.
Telle est l’urgence. N’est-ce pas M. Georges Para lui-même qui déclarait le 24 septembre dernier lors de sa 5 ème conférence de conjoncture : « Economie : La confiance ne revient pas et la croissance s’en va (…).Le 3ème trimestre 2014 confirme l’entrée en stagnation de l’économie martiniquaise ». Un jugement frappé de bon sens face aux évidences de la réalité.
Fort-de-France, le 1 er novembre 2014
Georges Erichot Secrétaire général du PCM