Ce médecin, qui travaille sur cette question depuis une quinzaine d’années, a indiqué que le fait d’avoir des rapports buccogénitaux avec plus de six partenaires dans sa vie multiplie le risque par huit au moins. En outre, la progression la plus rapide a été constatée chez les jeunes hommes blancs, a noté le Dr Gillison, tout en reconnaissant que ce phénomène « demeurait inexpliqué ». Au total, les cancers de la cavité buccale et de la gorge ont progressé de 225% de 1974 à 2007 dont une grande partie chez des personnes ayant des rapports buccogénitaux. Ce médecin a cependant relevé qu’il s’agissait d’études observationnelles qui doivent encore être confirmées par d’autres recherches statistiques. « Nous ne pouvons pas démontrer avec certitude que certains comportements sexuels sont liés à un risque d’être infecté par des papillomavirus », a-t-elle dit. « Nous ne disposons pas encore de suffisamment de données pour déterminer si la détection de ces virus peut être utilisée pour détecter un cancer oropharyngé », a ajouté le Dr Gillison. Pour la prévention, elle a recommandé une vaccination, également pour les hommes, qui protège contre quatre souches de papillomavirus, les deux responsables de plus de 70 % des cancers du col de l’utérus et celles qui provoquent des verrues génitales. « Il est raisonnable d’extrapoler et d’espérer que le vaccin pourrait réduire l’incidence de ces cancers mais nous n’avons pas les données pour pouvoir affirmer qu’une vaccination peut empêcher l’infection par ces virus », a prévenu le Dr Gillison. Elle a toutefois indiqué que le risque absolu de développer un cancer bucco-pharyngé demeurait faible. De surcroît, ce type de cancer, s’il est traité suffisamment tôt, est souvent guérissable. 90% des malades survivent cinq ans et davantage sans récurrence. Mais l’explosion des cas chez les jeunes notamment aux Etats-Unis –ailleurs dans le monde le tabac reste la principale cause– est suffisamment préoccupante pour entreprendre des campagnes d’information. Les caresses bucco-sexuelles sont la pratique la plus courante parmi les adolescents aux Etats-Unis, a indiqué le Dr Bonnie Halpern-Felsher, professeur de médecine pédiatrique à l’Université de Californie à San Francisco (ouest), auteur d’une recherche sur ce sujet. « Cette recherche montre clairement que les jeunes voient la fellation comme moins risquée que l’acte sexuel conventionnel », a-t-elle souligné dimanche à la conférence de l’AAAS. Selon elle, « les pratiques sexuelles buccogénitales doivent être de ce fait comprises dans les messages de prévention des maladies comme le cancer bucco-pharyngé ». Source : AFP