En couverture « la plus belle photo du Carnaval 2021 » (et ce n’est pas le stade de Dillon) Photo : Salomé @baboubsm on Instagram
Quelle mouche a donc piqué Didier Laguerre, maire de la Ville d’Aimé Césaire, pour que lui vienne l’idée d’organiser un carnaval dans un stade ? Et pas n’importe quel carnaval. Pas celui de Derrière-Morne ou de Fon-Lotbò, mais celui de Fort-de-France, digne héritier du mythique carnaval de Saint-Pierre. On dit que la préfecture a mis 200.000€ dans l’affaire. Autrement dit, quel yenyen-piman (moucheron) est entré dans le twou-nen (narine) de Didier Laguerre et de Stanislas i Cazelles (Préfet de la République Française) pour que cette idée leur vienne ? Savent-ils que feu Aimé Césaire aimait s’asseoir sur le toit de sa mairie pour regarder passer les vidés ?
Parce que, vraiment, depuis quand les pouvoirs publics sont–ils chargés d’organiser le carnaval en Martinique ? Depuis quand ? Et depuis quand le Carnaval martiniquais est-il organisé ?
De mémoire de martiniquais, on n’en a plus le souvenir. On peut juste trouver dans des récits qu’après la Catastrophe qui détruisit Saint-Pierre, la Perle des Antilles, le Gouverneur de la Colonie organisa un carnaval à Fort-de–France. C’était en 1906. C’était pour mettre l’ambiance, donner un peu de joie aux habitants. Les chroniqueurs disent que ce fut fort maussade.
Pourquoi ces pouvoirs publics-là ne sont pas restés dans leur rôle qui est essentiel mais qui n’est que de mettre en place les conditions pour que ceux qui voulaient fêter puissent le faire en toute sécurité.
Et puis, qu’est-ce que c’est que cette idée d’envoyer l’armée pour barrer la Ville ? Pour gazer les gens ? Prévoyaient-ils des tanks, des VAB, des canons à eau, des grenades de désencerclement ?
La réponse populaire a été cinglante. Pendant que le stade vide sonnait creux, les vidés déferlaient. L’Autoroute, la Rocade, les quartiers, à Fort-de-France, au Lamentin… Partout s’est exprimé le refus d’une partie de la population de voir emprisonner, muselé, enchainer le Carnaval de Fort-de-France et, au-delà, le Carnaval martiniquais, dans un stade.
Après, on dit que ça a couté 280.000€. Ceci cela… Non. Ce n’est pas de l’argent perdu. Loin de là. Dans la crise que traverse ce secteur à cause des contraintes sanitaires qui fracassent la Culture, ce fut un bol d’air pour les artistes, les groupes, les associations qui ont eu la chance d’être retenus pour se produire. En tous cas, eux, ils se sont bien amusés.
N’empêche, on espère que les cerveaux, qui ont imaginé brimer le Carnaval martiniquais, ont compris et qu’ils n’y reviendront pas…
Dommage pour Man Sòsòt, positionnée tôt à l’entrée du stade, qui n’a pas vu sa part à cause du nombre insignifiant de spectateurs. La glace a eu le temps de fondre avant qu’elle ne vende un sinobol.
Man Ziyet a eu plus de chance, elle a fini tout son tré de korné-pistach à la fin du fiasco.