Depuis plusieurs semaines, le Carnaval municipal déploie ses fastes partout dans les communes en Martinique. Normal. Il y a les élections municipales et aucun maire ne peut faire l’impasse. Il faut qu’il ait un carnaval dans sa commune. Pa ni pasé lanmen.
D’ailleurs, l’annulation de la Parade du Sud répond à cette logique. Pas de mise en commun. Chacun chez soi.
Hélas, quantité ne veut pas dire qualité et le constat est dans appel : nous allons vers un appauvrissement implacable de notre Carnaval.
Plusieurs facteurs y concourent.
D’abord la main mise des Conseils municipaux sur le choix aussi important que celui du bwabwa. Aujourd’hui, le Carnaval martiniquais est politiquement correct mais la liberté d’expression populaire a été supprimée. Le peuple n’a plus le choix de se moquer de qui il veut.
On peut penser que les débordements de sexualité explicite qui déferlent dans notre carnaval quand avant elle était suggérée peuvent en être une des conséquences. Une autre étant la désaffection grandissante du public et des carnavaliers les jours gras à Fort de France. Situation qui s’aggrave chaque année et que l’on met vite sur le compte de la crainte des violences autour du Carnaval pour masquer la responsabilité directe de la municipalisation, administrativement et politiquement, de notre Carnaval, surtout à Fort de France.
Ensuite, l’aliénation incroyable qui voit fleurir des titres de manifestations en anglais (ou assimilé) : Carnival, Paradise, Family, Best of Karnival, Friday night, Paradiz, …. quand l’utilisation du créole ferait plaisir à nos âmes ou que celle du français serait plus adéquate si c’est pour attirer les touristes.
Parce que, à vrai dire, quel touriste anglophone vient spécialement en Martinique les dimanches précédents les jours gras pour voir le Carnaval de Martinique ? Ils ne viennent même pas pour les Jours Gras.
Et enfin, pour voir quoi ? Pour participer à quoi ?
Un Carnaval pauvre, qui peu à peu perd son authenticité, ses particularités, sa diversité qui faisaient son charme et son identité pour n’être plus qu’un défilé des mêmes groupes à pied sur les même sons dans toutes les communes.
Ainsi va notre Martinique en phase de dilution avancée.