DIMANCHE 26 AVRIL 2009
Basse-Terre
Le Cercle Gerty ARCHIMEDE
• 9H – Boulevard Gerty ARCHIMEDE – Foire Expo Vente
• Après-midi : Animation / Jeux / Tambours
• Soir : Soirée Culturelle
Morne à l’Eau
La Ville de Morne à l’Eau
• 16h00 : Défilé et dépôt de gerbe au cimetière
• 16h30 : Discours Place Gerty ARCHIMEDE
Monsieur Guy BERNOS, Président du Cercle Gerty ARCHIMEDE
Maître Evita CHEVRY, Avocate au Barreau de la Guadeloupe
Monsieur Félix FLEMIN, Secrétaire Général du PCG
Monsieur Jean-Claude LOMBION, Maire de Morne à l’Eau
Déclamation de Poésies et de Slams
Discussion entre Enfants de « Paradi a ti Moun »
Séquence filmée des séances de lecture avec le CLSH « Paradi a ti Moun »,
suivie d’un diaporama de leur visite au Musée ARCHIMEDE
Montage Poétique et Musical avec le Groupe « K’KILA »
*Bibliographie de Gerty ARCHIMEDE (26 Avril 1909 – 15 Août 1980 ) par Guy BERNOS, Président du Cercle Gerty ARCHIMEDE
Gerty ARCHIMEDE est née le 26 Avril 1909 à Morne-à-l’eau, il y a donc tout juste cent ans. Morne-à-l’eau est alors une commune rurale dont la majorité de la population travaille dans le secteur de la canne (petits planteurs, ouvriers et ouvrières des plantations et des usines). Justin ARCHIMEDE, le père de Gerty est artisan-boulanger. C’est aussi un grand militant politique, fidèle d’Achille RENÉ BOISNEUF. Il sera élu maire de Morne-à-l’eau en 1910 et restera trente six ans à ce poste. Gerty n’est pas censée s’intéresser à ses activités (les femmes à cette époque ne peuvent ni voter, ni briguer aucun poste), mais en réalité elle suivra avec un vif intérêt son père dans ses campagnes électorales.
Suivant le désir de ses parents, Gerty effectue le cursus scolaire le plus complet pour une fille à cette époque : après l’école primaire à Morne-à-l’eau, le cours Michelet à Pointe-à-Pitre, puis le Lycée Carnot.
Titulaire du baccalauréat en 1930, Gerty, élève brillante et passionnée, espère poursuivre des études, pour devenir professeur de philosophie. Mais elle ne peut avoir cette possibilité que si sa famille l’envoie en Métropole. En effet sa sœur Germaine qui s’y était rendue l’année précédente y est morte peu après son arrivée. Dès lors, il n’était plus question pour son père de laisser partir aucune de ses filles. D’ailleurs l’opinion générale était qu’une bachelière est une femme déjà largement cultivée et que son objectif désormais doit être de faire un bon mariage et d’élever correctement ses enfants.
Mais Gerty s’accroche. Elle obtient un emploi dans une banque, ce qui lui donne les moyens de commencer des études de Droit et de passer des certificats en Martinique. Et en 1938 enfin, elle s’embarque pour l’hexagone afin de passer sa licence. Elle veut désormais devenir avocate.
Pour son entourage, c’est une idée folle. Jamais aucune femme aux Antilles n’a encore tenté de faire ce métier.
Mais Gerty est volontaire. En un an, sa licence est obtenue. Elle rentre en Guadeloupe et prête serment le 19 Décembre 1939. Tout de suite elle est en bute aux préjugés, à la méfiance, mais très vite aussi elle remporte son premier succès. Elle arrive à faire acquitter aux assises un homme qui risquait la peine de mort ! Il n’y a que deux mois qu’elle exerce !
Pendant plus de 10 ans, elle sera l’unique femme du barreau, entourée d’hommes qui la respectent et qu’elle dépasse souvent au niveau des résultats. Mais elle n’est pas seulement une juriste. Elle est aussi une femme généreuse, altruiste et son tempérament l’a conduite sur le terrain politique.
C’est désormais possible : en 1945, le droit de vote est enfin reconnu aux femmes. Gerty, que son courage et son talent ont rendue populaire, sera proposée aux élections cantonales par l’entente prolétarienne (composée surtout de socialistes et de communistes) elle devient ainsi Conseiller général, la première et la seule femme à exercer cette fonction jusqu’en 1952.
Mais surtout un an plus tard en 1946, après son échec relatif à l’assemblée constituante, Gerty est élue député à l’Assemblée Législative sur une liste communiste. Elle s’embarque avec Rosan GIRARD pour une mandature très active qui durera jusqu’en 1951. A la Chambre des députés Gerty interviendra inlassablement pour faire appliquer aux Antilles la législation métropolitaine sur la Sécurité sociale, sur la retraite des vieux travailleurs, les allocations familiales et le soutien aux personnes défavorisées.
Pourtant en 1951, Gerty ne sera pas réélue, victime de manipulations frauduleuses. Les forces les plus réactionnaires font le forcing pour qu’elle ne retourne pas à la Chambre des députés et elles réussissent à lui barrer la route.
Gerty rentre donc en Guadeloupe mais poursuit sur un autre terrain sa lutte pour ses idéaux politiques. Elle s’installe à Basse-Terre en 1952 et dès l’année suivante elle devient 1er adjoint de cette ville après la victoire de la liste communiste conduite par Elie CHAUFFREIN. Celui-ci muté en France laisse la place à Gerty qui devient ainsi la première femme Maire. Toutefois, à la suite d’une bataille juridique assez complexe Gaston FEUILLARD le candidat de la droite battu à l’élection de 1953 arrive à faire annuler l’élection de Gerty. Ce même Gaston FEUILLARD remporte l’élection municipale de 1959 et celle de 1965. Gerty cependant est toujours réélue Conseiller général. En revanche elle ne remportera pas les législatives de 1967. Cette année-la, les candidats communistes arrivent en tête au premier tour dans chacune des trois circonscriptions. Mais la droite française qui craint de n’avoir pas la majorité à la Chambre fait tout pour renverser la tendance. Ni Gerty, ni IBENE ne seront élus. Seul LACAVE pourra arracher un siège.
Mais à cette même époque la notoriété de Gerty est à son sommet. Elle sera trois fois élue bâtonnier de l’Ordre des avocats (aucun autre avocat n’a été bâtonnier plus de 2ans !). Elle démontre sa popularité lors de l’affaire SRNSKI en Mars 1967. Seule sa présence et ses paroles évitent un affrontement catastrophique. On vient de loin lui demander conseil. On fait appel à ses talents de défenseur.
En 1969 elle sauve de l’emprisonnement quelques jeunes américains en transit en Guadeloupe et soupçonnés à tort de complot. Parmi eux, une certaine Angéla DAVIS pour laquelle elle devra un an plus tard organiser des comités de soutien dans le cadre d’un vaste mouvement mondial de protestation pour sauver la jeune femme condamnée à mort par un tribunal californien.
Après 1970, tout en jouant le rôle de conseiller écouté, Gerty laisse le premier plan à des équipes plus jeunes. Les communistes reprennent Basse-Terre en battant Gaston FEUILLARD. Mais en 1978 on envisage sa candidature pour l’élection législative, puis on y renonce au profit d’une alliance avec le Maire de Pointe-Noire, Marcel ESDRAS.
Les 16, 17 et 18 Mai 1980 Gerty préside le 7ème Congrès du Parti Communiste Guadeloupéen. Ce sera sa dernière apparition politique. Epuisée par un travail incessant que lui impose sa foi politique et philosophique, par son dévouement sans faille, Gerty meurt brusquement dans la nuit du 14 au 15 Août 1980 à son domicile basse-terrien. Elle sera exposée en Mairie de Basse-Terre le 16 Août au matin. En dépit de cette période de vacances et de départs, une foule très importante lui rend hommage lors de ses funérailles qui auront lieu à Morne-à-l’eau le 16 Août dans l’après-midi.