Par Thierry Négi.
Nous attendions #Césaire, aujourd’hui, nous n’entendons plus que ses airs et l’heure de nous même tarde à sonner.
Même si au bout du petit matin de février 2009, certains sont sorti de leur attitude stérile pour faire un pas, encore un pas, un pas encore, hélas cependant, beaucoup trop ont gardé les bras croisés en continuant à être des jouets sombres au #carnaval des autres, oubliant, que chaque génération, doit découvrir sa mission et l’accomplir…
Ça fait de nous une civilisation atteinte, décadente et moribonde…
Depuis, combien de moi, moi, moi sont morts sous les acacias fleuris, les champs de cannes à sucre, les bananiers chlordeconés en espérant le rendez vous de la conquête au silence de notre belle #Martinique qui s’étend comme une néréide au soleil engourdie, s’enivrant sous le ciel épandé de l’immense Atlantique ?
Devrons-nous attendre d’entendre monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, les abois des femmes en gésine ?
On a beau peindre blanc le pied de l’arbre, la force de l’écorce en dessous crie…
La conscience nationale au lieu d’être la cristallisation coordonnée des aspirations les plus intimes de l’ensemble du peuple, au lieu d’être le produit immédiat le plus palpable de la mobilisation populaire, ne sera en tout état de cause qu’une forme sans contenu, fragile, grossière…
L’état-major du crime s’est installé très confortablement sur le passage de l’histoire dont l’épilepsie n’a jamais été si grande que dans ce temps où chaque inscription est une aventure dont chaque lettre saute en paquets de cartouches…
Il est pourtant temps que la négraille soit debout, debout sur le pont, debout dans le vent, debout dans les cannes, debout dans la banane et pourquoi pas debout dans le sang, quitte à ce que, dans nos mémoires soient des lagunes couvertes des têtes de morts…
Avons-nous le droit de nous cantonner dans un monde de réparations rétroactives ?
Il faut que cesse à jamais l’asservissement de l’homme par l’homme et même si la lueur de leurs yeux ne s’éteint jamais, essayons plutôt de trembler en nous penchant vers l’autre plutôt que d’être sûr de nous mêmes quand nous allons frapper l’autre.
Essayons de comprendre comment le monde à son tour tremble, mettons-nous en accord avec le monde, tremblons du tremblement du monde, ce n’est pas un tremblement de faiblesse, ce n’est pas un tremblement d’hésitation, c’est le tremblement de celui qui vit la vie du monde, c’est peut-être ce qui nous est donné de plus fantastique aujourd’hui…
NON, je ne veux pas croire que notre œuvre est finie…
Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge !
Thierry NEGI
*Montage à partir d’extraits d’œuvres de A.Césaire, E.Glissant, L.G.Damas, F.Fanon, V.Duquesnay