La Martinique serait dit-on, une île où on confond pistache et cacahuète au coeur de la démocratie participative et de la gouvernance de Monopoly. Apparemment ça se confirme.
Par Sandra Casanova
Dans le cadre des marchés publics, trop d’offres retenues aujourd’hui par nos collectivités fragilisent l’économie locale, et mettent en danger des milliers de martiniquais. Ainsi, dans le secteur des transports en commun de personnes, les offres retenues sont si basses qu’elles ne peuvent plus garantir la sécurité des passagers, et invitent à douter sérieusement des compétences des candidats sélectionnés. Ces prix anormalement bas empêchent les opérateurs d’exploiter convenablement leur activité, de payer normalement leurs salariés et de contribuer à la relance économique. Ils empêchent même les opérateurs de couvrir le coût lié à la seule possession du matériel de transport !
Ainsi, dans les derniers appels d’offres de la CACEM pour le transport scolaire, l’une des entreprises retenue a proposé un contrat de 83.000 € pour 60 mois d’exploitation soit environ 1.390 €/mois pour l’utilisation d’un grand autocar et d’un conducteur !
Or, faisons un calcul simple :
· une heure travaillée représente environ 17 €, charges patronales comprises.
· la prestation représente environ 4h/jour (ramassage du matin et du soir) sur 25 jours par mois.
· le seul coût salarial représente donc 17€ x 4 h x 25 jours d’école = 1.700 €
· les charges afférentes aux conducteurs ne sont ici même pas couvertes, que dire alors des charges variables (entretiens et réparations, carburant, pneus…), des charges fixes (assurances, loyers des bus et des locaux, rémunération du personnel administratif, etc.)
Par ailleurs, trop de transporteurs retenus ne sont pas en règle auprès des organismes sociaux. Ils parviennent malgré tout à présenter des attestations de compte à jour et à soumettre des offres ! Beaucoup d’entre eux multiplient les échéanciers chez l’huissier de justice, à la CGSS, à l’IRCOM… Pourtant, l’observation objective des comptes de ces entreprises démontrent clairement qu’aucune d’entre elles n’est capable d’honorer ses dettes, et donc sa mission !
Pourtant à chaque appel d’offres important, ces entreprises se bousculent pour obtenir des échéanciers. Une fois titulaires des marchés, elles oublient que le paiement des charges sociales est obligatoire. Elles multiplient les TTS et les CDD sans en respecter les contraintes. Elles déclarent aux organismes sociaux des heures travaillées inférieures à celles effectivement réalisées (du simple au double). Et se livrent à des paiements « au noir » des heures travaillées, ou même en nature par dons de carburant passés en douce en charges d’exploitation… Autant de pratiques illicites auxquelles se rendent complices les Organismes donneurs d’ordre.
Ces tristes dérives proviennent de l’insupportable tension opérée par les donneurs d’ordre qui conduisent à pratiquer des prix anormalement bas. Ces prix qui n’ont rien à voir avec le fameux concept du « mieux disant », conduisent inévitablement à la fermeture des entreprises les mieux structurées. Les conséquences économiques et sociales sont désastreuses.
Sandra CASANOVA
Compagnie Martiniquaise de Transports