Jadis de fromage, le Martiniquais connaissait le fromage Pâte Grasse et le Gruyère. Et puis, le fromage fondu, ce délice des goûters, vendu en portion dans des boites cartonnées rondes.
Pendant des décennies, il s’en est régalé.
Et puis, les avions cargo ont commencé à déverser des produits frais dans des conteneurs réfrigérés. Et la modernité fut. Elle a eu pour effet direct l’apparition au fil du temps de dizaines et de dizaines de fromages pour tous les goûts. Le terroir fromager français dans l’assiette des martiniquais.
Mais surtout, en accédant à la possibilité d’acheter son fromage à la coupe, le goût s’est affiné. Vraiment, chacun a pu, en fonction de son porte-monnaie, de ses goûts et de ses envies comparer un roquefort de conserve, vendu dans un emballage scellé et une tranche du même formage fraichement coupé à sa demande. Ou encore une portion plastifiée de Port-salut et le même à la coupe. Ce fut l’âge d’or.
Depuis quelques mois, les grands commerçants qui contrôlent les supermarchés de l’île ont découvert qu’ils pouvaient faire des économies de place et de personnel en faisant pré-couper et emballer le fromage soit dans les « labos » selon ce qu’ils disent, soit, plus surement comme chacun peut le constater, par les employés dans le rayon fromage même.
Tant pis pour le goût. Tant pis pour la qualité et peut-être pour l'hygiène. On empile les bouts de fromages pré-coupés. On gagne de la place pour mettre plus ou autre chose. Le client gagne du temps. Ce cochon de client qui ne s’aperçoit même pas que l’on diminue la qualité de la prestation et du produit sans en diminuer le prix.
Ce système fait que désormais dans les supermarchés, la dame fromage est seule dans son rayon, là où, il n’y a pas longtemps, elles étaient deux.