Bondamanjak

Cher Ambassadeur Culturel,

Par Franck Vasko
Je confesse, ces dernières années que ça me faisait chier de t’entendre vanter les bienfaits de la Créolité, de la diversité et patati et patata. Comme une ritournelle accompagnée par une flûte des mornes en simili bambou. Car, nombreux sont les artis’ péyi, personnalités publiques, de ton acabit, qui font le choix d’adoucir leur djòk attitude afin de plaire aux 1% aux commandes d’une économie aux contours mafieux lakay nou, sous la bienveillance des politiques aux ordres de ces i$@£°p.

J’ai pris connaissance, sur le web 2.0, de ton travail anba fèy, en attendant que la stabilité soit effective en Martinique. Quand ? En 2073 ? Un gadé zafè a-t-il été consulté ? Tous les chyen fè en mannèv pour maintenir ce que l’on appelle la paix sociale seraient-ils en contact avec toi ? Si oui, je leur propose de distribuer la soup landòmi comme produit PIL dans les rayons des grandes surfaces.
J’apprends aussi que tu es en contact avec des sociologues. Permets-moi de te dire que je les considère comme des péripatéticiennes. Des gagneuses qui tapinent pour le compte de ces gros pontes de maquereaux locaux.

Boug, en écoutant tes tubes, j’avais cru déceler des apologies à l’indépendance. Mes oreilles pleines de merde m’ont induit en erreur. Faudrait que je consulte un spécialiste afin de me les nettoyer. Bref. Je te vois ravi, à en juger la photo prise sous les dorures de cette République que tu te verras contraint de chérir car elle t’a récompensé. Je te prie d’excuser la dissonance de mon propos dans le concert de louanges – tanbou lapo kabrit krévé – dont font preuve ceux qui se bousculent pour se baigner dans l’éclat de ton nouvel apparat : ta légion d’honneur.
Je ne t’embrasse pas car mes potes indépendantistes ne me le pardonneraient pas. Surtout ceux qui ont le riddim nyabinghi en tête.