L’affaire du chlordécone semble ne pas devoir quitter la Une de l’actualité tant antillaise qu’hexagonale : les auteurs de « Chronique d'un empoisonnement annoncé», Louis Boutrin et Raphaël Confiant viennent de publier, à la veille du voyage de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, aux Antilles, un nouvel ouvrage intitulé « Chlordécone : 12 mesures pour sortir de la crise », cela aux éditions L’Harmattan.
Après le temps de la dénonciation implacable (et argumentée), nos deux compères en viennent à celui des propositions. Celles-ci sont détaillées par eux avec une clarté et une précision qui laisse à penser que si l’Etat voulait vraiment résoudre la crise du chlordécone, il pourrait parfaitement le faire. Au lieu de cela, on assiste depuis deux mois à des tentatives de déstabilisation de tous ceux qui ont condamné l’usage criminel de ce pesticide, à commencer par le professeur Dominique Belpomme, le célèbre cancérologue, aux déclarations, il est vrai, parfois zigzagantes.
L. Boutrin et R. Confiant vont procéder à une hiérarchisation des mesures dans leur nouvel ouvrage, cela va des mesures urgentes et facilement prenables à celles qui nécessitent du temps. Parmi les premières, le gel immédiat des terres contaminées semble être la plus élémentaire. Cela permettrait au moins d’empêcher que l’on continue, ici et là, à cultiver des légumes-racine et qu’on les vende sur les marchés antillais. Un début de traçabilité serait donc mis en place en attendant un système de contrôle plus strict. Parmi les mesures intermédiaires, ou à moyen terme, il y a la proposition de replanter les terres contaminées en canne à sucre et la construction d’une usine de fabrication d’éthanol dans la mesure où les nouvelles prescriptions européennes exigent que 20% du carburant soit d’origine végétale à compter de 2010. Enfin, parmi les mesures à plus long terme, nos deux auteurs placent la question judiciaire et la nécessité que les responsables de l’empoisonnement soient traduits en justice.
Il faut lire cet ouvrage, que nous avons trop brièvement résumé, afin de mieux comprendre le combat des deux écologistes martiniquais : il ne s’est jamais agi pour eux de « couler l’économie martiniquaise », comme l’affirment leurs détracteurs, mais de mettre nos pays en face du désastre sanitaire et environnemental dans lequel ils baignent et de proposer des solutions pour en sortir. En publiant ce nouvel ouvrage, L. Boutrin et R. Confiant démontrent qu’ils ne se posent pas simplement en accusateurs, mais aussi en acteurs d’une Martinique nouvelle, débarrassée du fléau de l’agriculture chimique génératrice de cancers, de maladies comme l’Alzheimer et le Parkinson, des malformations congénitales, d’infertilité masculine et féminine etc.
Un grand bravo à nos deux écologistes têtus.
Dominique Claude