chaque fois que le plaignant relancera la justice pour savoir où en est sa plainte, le procureur lui répondra qu’on est en train de chercher X, qu’on n’a pas encore réussi à identifier X et bla-bla-bla. Ce petit jeu peut durer des années et des années. Dans notre livre, nous avons volontairement laissé de côté la question de la responsabilité des élus martiniquais mais au vu de la tournure que prend les choses, il y a de quoi le regretter. Car il faut savoir que les maires, pour la plupart conseillers généraux, sont légalement responsables de l’eau qui est distribuée dans leur commune. Ils sont responsables de sa potabilité et force est de reconnaître qu’aucun d’eux ne s’est jamais soucié, en 30 ans, de savoir si l’eau qui arrivait au robinet de leurs administrés était une eau saine et dépourvue de pesticides. Autrement dit, les Martiniquais ont été empoisonnés durant tout ce temps avec la complicité, passive ou active, de leurs propres élus.
Le summum de l’indécence est atteint dans l’interview que fait un site-web antillais du président du Conseil Général lequel déclare qu’il « ne faut pas affoler la population » et qu’à l’époque, on ne connaissait pas la nocivité du Chlordécone. Ce monsieur reprend sciemment le discours mensonger et déculpabilisant de l’Etat français et de ses services déconcentrés alors que nous démontrons que dès 1976, date où les Etats-Unis interdisent le Chlordécone, on savait ! Divers rapports scientifiques, commandités par l’Etat lui-même, comme le rapport Snégaroff ou le rapport Kermarrec, écrivaient noir sur blanc, cela dès la fin des années 70, que nos sols, nos rivières, nos nappes phréatiques et nos rivages étaient gravement pollués. Dans notre livre, nous citons abondamment tous ces rapports qu’un président de Conseil général ne saurait ignorer !
Une fois de plus, nos élus montrent une image pitoyable de la représentativité politique martiniquaise. Mais, dans le cas présent, outre d’être les « doucineurs » qu’ils sont d’habitude, ils se montrent complices d’un crime contre le peuple martiniquais, un crime qui se décline en explosion du taux de cancers, des maladies d’Alzheimer et de Parkinson, des malformations congénitales, de l’infertilité féminine et masculine etc… Explosion qui n’a lieu ni à Barbade, ni à Grenade, ni à Antigue, ni à Saint-Kitts, ni en Haïti, pays caribéens dont les populations sont proches des nôtres génétiquement.
Nous nous passerons des élus et nous porterons plainte pour « empoisonnement » contre l’Etat français devant la Cour Européenne de Justice !
Raphaël Confiant