Patrick Karam, délégué interministériel auprès du Premier ministre chargé de l’égalité des chances de Français originaires d’outre-mer, n’apprécie guère Le Nègre vous emmerde, le nouveau livre de Claude Ribbe, et a assigné dès le 5 juin (jour de la sortie du livre) son auteur en référé.
Apparemment dérangé par la sortie de cet ouvrage (publié chez Buchet-Chastel par Raphaël Sorin, l’éditeur de Michel Houellebecq) M. Patrick Karam, délégué interministériel auprès du Premier ministre pour l’égalité des chances des Français originaires d’outre-mer, attaque en Justice l’écrivain Claude Ribbe, originaire de la Guadeloupe. À peine le livre de Claude Ribbe, Le Nègre vous emmerde, qui rend hommage à Césaire, était-il en librairie, jeudi 5 juin, que Patrick Karam faisait déposer à l’auteur une assignation en référé. Le Nègre vous emmerde apporte des révélations explosives sur la manière dont les politiques ont cherché à se servir d’Aimé Césaire au moment de sa vieillesse et même après sa mort. Claude Ribbe a récemment dévoilé sur son blog (informations reprises dans le Gri-gri international du 5 juin 2008, page 2) que le Collectif Dom, fondé par Patrick Karam en 2003, et qui annonçait 40 000 membres, n’était en fait qu’une imposture puisque lorsqu’il présida l’association en 2007, l’écrivain ne put jamais recenser que 10 adhérents.
C’est en se fondant sur la puissance présumée du Collectif Dom que M. Karam aurait obtenu un poste. Claude Ribbe, qui n’a jamais pu avoir aucune information sur la gestion financière de cette association qu’il a pourtant présidée, a fermement dénoncé ces derniers jours la manière dont Patrick Karam a mis à mal le dossier des congés bonifiés et de la continuité territoriale dont il a été chargé par le Premier ministre et a cherché à s’emparer illégitimement de la mémoire de l’esclavage pour enterrer la loi Taubira, notamment en poussant le gouvernement à annoncer une seconde date de commémoration de l’esclavage (le 23 mai) ce qui s’est avéré un fiasco retentissant. Plusieurs syndicats et associations ont déjà demandé la démission du délégué interministériel, dénonçant ses méthodes brutales et les menaces qu’il prodigue a tout va. M. Karam est également accusé d’avoir mis en place un véritable fichage des Français originaires d’outre-mer vivant en métropole. Le Nègre vous emmerde montre également comment la question de la panthéonisation de Césaire a été escamotée par les politiques, notamment en raison d’une fuite qui aurait permis à Ségolène Royal de prendre à son compte cette proposition initialement lancée par Claude Ribbe. Patrick Karam, nommé à ce poste par Nicolas Sarkozy en juillet 2007, était entré cinq mois plus tard en conflit ouvert avec M. Christian Estrosi, alors secrétaire d’État à l’Outre-Mer et il est accusé d’avoir cherché à cette occasion à instrumentaliser le Collectif DOM, ce qui a améné l’écrivain à présenter sa démission. Claude Ribbe a mis en ligne sur son blog une lettre adressée à Nicolas Sarkozy au début de l’année 2006 où Patrick Karam s’en prenait violemment à Rama Yade, dénonçant son prétendu "communautarisme" : « Etes-vous certain, demandait-il au futur président de la République, que Yama Rade a réellement mobilisé en votre faveur après les émeutes urbaines et votre mot sur les racailles ? S’est-elle exposée quand vous en aviez besoin ?
Comment expliquez-vous son silence qui a été très remarqué par sa communauté ? Etaient-ce ses fonctions auprès du président de Public Sénat qui l’empêchaient de simplement expliquer le contexte et de désamorcer l’hostilité des Africains ? … Je vous fais suivre la teneur d’un mail qu’elle a adressé à Jean-Claude Beaujour, pour lui demander de démissionner du Collectif, sinon elle utiliserait ses pouvoirs de coercition, notamment l’UMP… Dans son courrier, ajoutait-il, elle se définit comme Africaine, « moi, je suis africaine et fière de l’être ». Curieuse conception de la citoyenneté. Doit-on ériger en exemple quelqu’un qui revendique aussi fort, non pas des origines mais une appartenance ?
Etes-vous certain qu’il s’agit d’un bon exemple pour les jeunes qui doivent s’intégrer à notre pays. … » Evoquant des passages d’une lettre adressée par l’actuelle secrétaire d’État aux droits de l’homme à l’avocat Jean-Claude Beaujour qu’il accusait d’être outrageants pour les Antillais, il menaçait de manière à peine voilée : « Imaginez-vous l’impact auprès des Antillais si ses bons mots … se trouvaient sur la place publique ? » Cette attaque contre un écrivain respecté, originaire d’outre-mer par ailleurs membre de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme et connu pour ses combats contre le racisme, montre assez, s’il en était besoin, la manière surprenante dont M. Karam s’acquitte de la mission qui lui a été confiée et la conception particulière qu’il a de la liberté d’expression.