La course à l'investiture démocrate pour la présidentielle tourne à l'affrontement entre deux dynasties, les Clinton contre les Kennedy, avec le soutien apporté lundi à Barack Obama par le patriarche du clan, Edward Kennedy, et par la fille du président assassiné, Caroline Kennedy. Ted Kennedy, le frère du président John F. Kennedy et de l'ancien candidat à la présidence Robert Kennedy, devait officialiser son soutien au sénateur de l'Illinois lundi lors d'un meeting à Washington, dans une salle de 5.000 personnes largement sous-dimensionnée, à voir l'immense queue de militants à l'extérieur. Le sénateur du Massachusetts devait être accompagné par sa nièce Caroline,
la seule enfant encore en vie du couple John Kennedy et Jackie Kennedy Onassis, qui a annoncé son soutien à M. Obama dimanche dans une contribution au New York Times intitulée "un président comme mon père".
Barack Obama et la sénatrice de New York Hillary Clinton, chacun vainqueur dans deux Etats au terme des quatre premières étapes de la course, sont engagés dans un affrontement à l'issue incertaine pour remporter l'investiture démocrate.
Des caucus et primaires auront lieu dans huit jours dans une vingtaine d'Etats : la moitié des délégués chargés officiellement de désigner le candidat du parti à Denver (Colorado, ouest) en août seront désignés à cette occasion, sans que nul ne puisse assurer que cela suffira à couronner un vainqueur.
Les sondages donnent Mme Clinton en tête dans plusieurs gros Etats comme la
Californie, New York, le New Jersey – et même le Massachusetts, fief de la
famille Kennedy, où au début du mois l'écart était d'une douzaine de points.
"Nous sommes très confiants sur notre position au Massachusetts, nous ne
pensons pas que (le soutien d'Edward Kennedy à Obama) aura une énorme
signification à ce stade", a déclaré un haut responsable de l'équipe Clinton.
Reste que le soutien d'Edward Kennedy permet à M. Obama de faire le grand
chelem parmi les élus les plus influents du Massachusetts, riche de 121 délégués
(sur 2.025 nécessaires pour décrocher la nomination), puisqu'il est déjà
activement soutenu par l'autre sénateur fédéral John Kerry, et par le gouverneur
Deval Patrick.
Selon des conseillers de M. Obama, M. Kennedy compte participer activement à
la campagne et devrait se rendre "d'ici à la fin de la semaine" en Californie,
le gros lot de la course à la nomination avec 441 délégués.
Faisant figure de doyen respecté du parti démocrate, Edward Kennedy pourrait
permettre d'attirer vers M. Obama les fonds nécessaires pour financer une
campagne devenue nationale, et son influence parmi les syndicats pourrait
renforcer son attrait dans la communauté hispanique ainsi que parmi l'électorat
à revenus modestes.
La presse américaine a rapporté que M. Kennedy avait basculé dans le camp
Obama après avoir été ulcéré par le ton de la campagne, et particulièrement les
attaques de Bill Clinton, accusé par certains d'avoir introduit le facteur
racial dans le débat – selon le New York Times, M. Kennedy et Bill Clinton
auraient eu récemment un vif échange téléphonique.
Le soutien de M. Kennedy à M. Obama illustre sa différence avec la marque
Clinton: alors que l'ancien président et son épouse incarnent un pragmatisme
centriste et un style ne reculant jamais devant l'affrontement, M. Kennedy, dont
s'inspire M. Obama, allie un positionnement de principe plus à gauche à une
faculté de compromis au nom de l'efficacité – illustrée ces dernières années par
une réforme scolaire conçue en commun par la Maison Blanche du président Bush et
M. Kennedy.
Le camp Clinton a tenté de contrer l'effet d'annonce d'Edward Kennedy en
annonçant le soutien de trois enfants de Robert Kennedy, dont l'écologiste
Robert Kennedy Junior et Kathleen Kennedy Townsend, ex-gouverneur adjoint du
Maryland (est).