Après trois années d'existence, le CRAN est désormais la proie à des dérives qui ne font pas honneur aux hommes et aux femmes qu'il entend défendre. Des dysfonctionnements de toutes sortes semblent marquer la vie de cette organisation qui a suscité l espoir au moment de sa constitution. Le dernier en date n'est rien d autre qu un projet ignoble de fabrication de militants de seconde zone en son propre sein. Tel est, l'un des enjeux majeurs de la bataille que se livrent les militants depuis le 18 Octobre dernier.
À cette date en effet, une assemblée générale ordinaire est convoquée pour se pencher sur le rapport moral et financier du bureau exécutif sortant, et pour élire les nouveaux membres du conseil d' administration, notamment le nouveau président du CRAN. Les militants se sont séparés sans avoir pu achever l'examen de l'ensemble des points inscrits à l ordre du jour. (voir http://www.bondamanjak.com/content/view/5714/70/) Le débat s est bloqué autour du vote du rapport moral et financier par les personnes physiques, après celui des associations membres de l'organisation. À leur grande stupéfaction, ils entendirent des membres du bureau sortant défendre la position assez surprenante selon laquelle ils n auraient pas le droit de voter ce rapport, comme à l'accoutumé! Cette interdiction n était pas l'effet d'une saute d humeur; il s'agissait d une simple manoeuvre d obstruction visant à rendre improbable la discussion et l'adoption d'une motion sur les dysfonctionnements en matière
de gouvernance, et de gestion de l'organisation.
L'assemblée générale souveraine faute d avoir épuisé son ordre du jour est alors convoquée le 15 Novembre par la présidente de séance pour clôre les travaux. Elle est aussitôt suspendue pour trois mois par le Président sortant du CRAN, rejoignant ainsi l'antichambre du groupe des radiés! Et quelle ne fut sa surprise le 15 Novembre au lieu prévu de la réunion de recevoir la visite d un huissier de justice pour "utilisation frauduleuse du fichier du CRAN"! Aussi incongrue que cela puisse sembler, la vie interne du CRAN n est pas sans rappeler celle des groupuscules gauchistes du milieu des années soixante, et évidemment en plus grand, les purges de Moscou des années trente!
L AG se tient et la motion est adoptée. Le même jour, la question du statut et des droits des adhérents non-représentants d associations est de nouveau soulevée par Tjenbé Rèd, une association membre du CRAN. Elle publie un communiqué dans lequel on lit ceci: "Le CRAN de France compte trente associations membres et 66 membres personnes physiques. Seules les premières ont droit de vote en assemblée générale (les secondes pouvant cependant élire des représentants au conseil d administration)".Autrement dit, ces adhérents n y seraient acceptés que pour faire fonction de claqueurs, hocher les têtes et payer leur cotisation; quant à leurs représentants, ils en feraient autant au sein des instances dirigeantes! Passons ici sur cette idée absolument invraisemblable suivant laquelle, il est possible de promouvoir la cause des noirs sans en même temps promouvoir la culture civique des noirs; et venons-en à une question essentielle.
La même association Tjenbé Rèd qui rêve de voir des adhérents de seconde zone au sein du CRAN, reproduisait un communiqué de presse du Président du CRAN datée du 16 Mars 2007: l organisation «regroupe plusieurs centaines d associations» y est-il affirmé. (http://www.tjenbered.fr/ana/2007/20070316_10.html). Des «soixante associations» constitutives de l attelage de départ en Novembre 2005, on est donc passé à des centaines en moins de deux ans. Trois ans après sa création, la même association Tjenbé Rèd nous dit qu il n en reste plus que «trente»! Et ces messieurs non seulement ne se posent pas de question sur cette chute vertigineuse, mais souhaiteraient, après avoir approuvé le rapport moral du bureau sortant, que l on applaudisse à la nouvelle! On en revient là aussi assez curieusement au temps «des bilans globalement positifs»!
Dans ces conditions, on ne peut s empêcher de s interroger – au delà de la question de la place des adhérents individuels – sur l intention véritable de ces associations qui évoluent à l ombre du CRAN, sous l étendard de la cause noire. N auraient-elles pas par hasard parasité cette cause pour vivre de subventions diverses dont celles en provenance de l État, tout en évitant la transparence dans leur gestion. L audit nous le dira. En attendant, on l aura compris, la question est d intérêt public. Ci-après, la motion présentée le 18 Octobre dernier.
Motion sur la crise au sein du CRAN: gouvernance et gestion des ressources
Notant l existence d une crise au sein du CRAN qui s est manifestée par des radiations et des actions en justice;
RAPPELANT qu une réunion fut proposée le 7 Septembre dernier par des membres à jour de leur cotisation en vue d un règlement de cette crise, et qu une fin de non-recevoir fut opposée à cette initiative, qualifiée par ailleurs «d illégale»;
CONSTATANT les mauvaises conditions de préparation de la présente AG qui se sont traduites par des convocations incomplètes, l enregistrement incomplet des candidatures, et l introduction de critères inédits d admissibilité;
CONSIDÉRANT l importance que revêtent les Statuts et le Règlement Intérieur pour le fonctionnement de notre organisation;
CONSIDÉRANT que toute la vie interne du CRAN est encore à ce jour exclusivement régie par ces Statuts et ce Règlement intérieur;
RAPPELANT le Titre I, articles 3 et 4, et les Titres IV et V du Règlement Intérieur notamment en matière de conflit;
ESTIMANT que les radiations qui ont été prononcées, ne traduisent pas une simple ignorance de l importance du respect des règles internes de notre organisation, mais leur violation pure et simple;
ESTIMANT en outre qu à ce sujet, le Bureau Exécutif et le Conseil d Administration sont co-responsables de cette dérive, et donc des dysfonctionnements qui en ont résulté;
CONSTATANT par ailleurs qu un directeur administratif a pu être nommé en catimini dans un contexte interne de vide juridique en matière d emploi;
CONSTATANT aussi que cette nomination a également bénéficié de la complicité du Bureau Exécutif et du Conseil d Administration;
CONSTATANT enfin que cette nomination qui induit une transformation majeure de la structure organisationnelle du CRAN n est même pas mentionnée dans le catalogue des actions censées tenir lieu de rapport moral;
Notant que la crise actuelle est également liée à la gestion financière du CRAN;
RAPPELANT à cet égard l importance capitale de la transparence dans la gestion des ressources financières de notre organisation dans les conditions de passation de pouvoirs notamment;
RAPPELANT enfin que cette transparence est un facteur important de la crédibilité de notre organisation vis-à-vis de ses membres, de ses sympathisants, du grand public et enfin de ses partenaires publics et privés;
Les signataires de la présente motion adressée à l'Assemblée Générale du CRAN tenue ce jour 18 Octobre 2008 à Paris;
Prient cette assemblée, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par les Statuts et le Règlement intérieur,
1) de prendre une initiative destinée à différer l'élection des membres du BE et du CA afin que celle-ci puisse se tenir dans des conditions plus sereines;
2) d'organiser séance tenante l élection d un directoire qui fera fonction d un bureau exécutif provisoire;
Souhaitent que soit dévolue à ce directoire une triple mission:
1) la désignation d un expert ou d une agence qui sera chargée de l audit des comptes du CRAN;
2) l'appui logistique à la mise en uvre de l audit;
3) la mobilisation des militants, des associations et des instances locales en vue de l organisation d une Assemblée Générale extraordinaire, dont la convocation devrait être faite trois (3) semaines au plus tard après réception des résultats de l audit.
Michel Spatt