Bondamanjak

Crise sanitaire au CHU en Martinique

Objet : Lettre ouverte à Monsieur le Directeur du CHR Martinique
Monsieur,
Ce lundi 18 février 2013, vous avez rompu unilatéralement les négociations sur les 15 points de revendication pour lesquels nous avons eu trois réunions, les 06 février 2013, 11 février 2013 et 18 février 2013, durant lesquelles nous avons abordés les 5 points suivants pour lesquels vous vous êtes engagé à produire des engagements écrits:
1. La Régularisation des salaires : engagement de résoudre les problèmes liés aux erreurs constatées
sur la paye de janvier dès le mois de février et au plus tard pour mars 2013.
2. La résolution en urgence des problèmes d’approvisionnement : Pharmacie, Magasin, Cuisine. Malgré vos engagements de suivre « au fil de l’eau » les problèmes quotidiens que nous rencontrons, de négocier avec les fournisseurs force est de constater qu’il n’y a aucune maitrise à ce niveau. Nous sommes plutôt « au fond de l’eau ».
3. Eviter la fermeture du service d’orthogénie sur le site du Lamentin : nous vous avons indiqué que l’offre de soins prévoyait 3 centres d’orthogénie, que des médecins étaient prêts à assurer le service compte tenu que celui-ci n’a pas besoin nécessairement d’un gynécologue. Vous vous êtes engagé à organiser une séance de travail avec le pôle.
4. La réouverture du service d’alcoologie sur le site de Trinité : vous vous êtes engagé à rouvrir 8 lits fin mars 2013, une réunion de travail avec le pôle pour en définir les conditions (personnel et matériel)
5. la fermeture des urgences de Mangot-vulcin : vous avez confirmé votre volonté de fermer ce service à la mi mars 2013. Nous vous avons rappelé que les personnels ne sont pas informés de tous les contours de ce projet et surtout de leur devenir. Quant à la prise en charge et la sécurité de la population nous n’avons pu que constater les imprécisions de ce projet.
Ces négociations ont mis à jour :
Le non-paiement des charges sociales patronales de l’année 2012 pour un montant de 37 millions d’euros,
100 millions de déficit estimé pour 2013,
5 millions d’euros/an pour les investissements en matériels médicaux durant les quatre années du PRE alors qu’il faudrait 15 millions /an,
Dans le PRE l’objectif fixé de maintenir le délai de paiement des fournisseurs à 180 jours au lieu des 45 jours réglementaires. Délai incompatible avec un approvisionnement régulier,
Un Dossier de demande de financement est transmis au ministère mais sans date pour la réponse.
Nous sommes dans l’obligation de vous rappeler ce que nous n’avons cessé de vous indiquer durant ces trois réunions de négociation : les patients sont les premières victimes de l’incohérence et de la précipitation de vos décisions, des approvisionnements non assurés, de la désorganisation généralisée constatée depuis le 1er janvier 2013.

La sécurité interventionnelle en chirurgie mise à mal: « le matériel d’ostéosynthèse dont nous avons un besoin criant pour notamment les fractures du col fémoral, les fractures du poignet, des doigts, de jambe et de fémur. Nous sommes en rupture de vis, de clous de plaque et ne pouvons déjà plus assurer les urgences traumatologiques les plus courantes. Nous pallions avec du matériel ancien dont il nous reste quelques échantillons, nous coupons les vis trop longues, nous mettons des clous trop longs ou trop courts.

Nous allons devoir transférer sous peu la traumatologie notamment en Guadeloupe voire en métropole si la situation ne se débloque pas. Il semble que le problème soit une « ardoise » d’un an (Février 2012) non réglée par l’hôpital du Lamentin avec un effet collatéral sur PZQ maintenant que nous sommes fusionnés.
Je n’ai d’autres moyens que de vous informer de la situation dramatique que nous vivons au bloc car je ne compte pas ici la rupture de stock depuis ce matin de cagoules chirurgicales (laboratoire Hartman), la rupture de masques très proche, les optiques d’arthroscopie non disponibles avant Mars, la salle A1 toujours non utilisable en ISO 5, les tuyaux pour les respirateurs apparemment dans l’avion avec peut-être une livraison Lundi… Pourra-t-on ouvrir le bloc Lundi ? La situation est donc pire qu’elle n’a jamais été. Il
nous faut une solution sous peine de devoir stopper l’activité y compris urgente dans certains domaines. »
Les patients diabétiques en souffrance :
Nous constatons un non respect des menus correspondant aux
trames et un grammage des féculents très insuffisant pour les patients diabétiques. Depuis le 1er février 2013 il n’est plus possible d’obtenir un bon équilibre du diabète en fonction des besoins de chaque patient, (150, 200 ou 250g de féculent par barquette) tous les patients ont une portion de moins de 100g par repas.
« Du fait des repas hypoglucidiques, l’équipe médicale et paramédicale sont confrontés à de nombreux malaises hypoglycémiques dans le service : hypoglycémies sévères et comas hypoglycémiques et par conséquents des difficultés à équilibrer le diabète des patients. »
Les examens d’Echographie renvoyés : Avec un appareil neuf mis en service en décembre 2012 le service de Maternité est confronté à un problème d’approvisionnement de cartouche d’encre pour l’impression des échographies. Certaines patientes ont été renvoyées, des impressions non conformes ont été réalisées en Noir et Blanc. « A ce rythme nous allons devoir annuler toutes les échographies..»
Les résultats d’IRM : pas de CD pour enregistrer les clichés numérisés, pas de papier A3 glossy pour imprimer les clichés qui faute de mieux sont imprimés sur papier normal A4. Le dossier du patient devrait contenir : le CD avec toutes les images IRM et le compte rendu avec référence aux images-clé, ainsi qu’une sélection d’images sur papier.
Les Ascenseurs non entretenus : certains en panne depuis 2012 inexorablement maintenus à l’arrêt sans réparation, les programmes opératoires sont perturbés et les malades en payent les conséquences :
déprogrammation ou renvoi de certaines opérations.
La Blanchisserie : linge sale stocké durant 5 jours consécutifs en dépit des règles élémentaires d’hygiène, le sol n’est pas régulièrement nettoyé, le matériel non réparé.
La Cuisine : approvisionnement irrégulier, modification des menus au gré des livraisons, matériel en panne
non réparé, barquettes non identifiées, soupe et potage se sont raréfiés, les quantité sont insuffisantes et les
patients se plaignent de ne pas manger à leur faim.
Les personnes âgées à qui on ne sert plus de DIASON, en rupture de stock, pour le traitement diététique par sonde gastrique des maladies liées à la malnutrition chez les patients atteints de diabète, mais un complément alimentaire associé à une injection d’insuline, traitement plus contraignant et agressif. Le personnel obligé de récupérer l’insuline dans les seringues. Des lits et des fauteuils non adaptés : risques de chute et insécurité.
La Désorganisation des services et la démotivation des personnels :
Certains services n’ont plus de papier, des imprimantes non fonctionnelles par manque d’encre, des logiciels non opérationnels et des personnels non encore formés.
Des services d’hospitalisation devant un besoin criant de matériel : pousse-seringue, lève malade, matelas anti-escarres, charriots de soins, lits non réparés (roues abimées, manœuvres défaillantes), insuffisance de franges pour l’entretien hygiénique… Une dégradation de l’hygiène au CH Pierre Zobda Quitman, avec des chambres qui ne sont plus nettoyées tous les jours, des bactéries multi-résistantes et des maladies nosocomiales en augmentation constante.
C’est le service minimum dans la plupart des services, il n’y a plus de différence entre le week-end et la semaine. Les personnels ne sont pas remplacés, au bord du burn-out ils n’ont plus le temps ni la motivation
d’une prise en charge privilégiant le contact humain auprès du malade.
La qualité des soins pour le malade est vraiment passée au second plan, la préoccupation première est de faire des économies, la charte du malade est quotidiennement bafouée !
Vous comprendrez aisément que nous ne pouvons accepter votre argumentation développée ce lundi 18 février 2013 pour rompre les négociations : « il y a un contexte nouveau avec les élections, je n’ai pas le droit de signer un accord avec vous ! »
Le seul contexte qui soit nouveau pour l’ensemble des services et des personnels c’est cette situation unique de désorganisation que nous n’avons jamais eu à vivre dans le passé.
Votre attitude est irresponsable, les difficultés exposées ci-avant ne demandent aucun protocole d’accord, mais simplement de mettre au centre de nos préoccupations le patient pour que des solutions immédiates soient mises en œuvre afin de ne leur imposer l’inacceptable.
Aussi, nous vous demandons instamment la reprise des négociations.
Dans l’attente veuillez agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.

 

Le secrétaire du SASM

Manuel GALAP

Le secrétaire de l’UGTM Santé
Serge ARIBO