Si on peut comprendre que, par esprit de corps, des policiers martiniquais aient regretté une sanction contre Cyril Alavoine, on ne peut être que scandalisé de la prise de position exprimée publiquement et officiellement par la seconde adjointe de la mairie de Fort-de-France, dans une affaire qui rappelle les comportements de « ripoux » qui défraient régulièrement la chronique des faits divers.
Voici, en effet, ce que rapporte « Le Mensuel du Morbihan » du 19 janvier 2012 sur les errements du commissaire de police si pompeusement salué par la responsable du PPM :
« La police des polices soupçonne Cyril Alavoine d’avoir participé au détournement d’un scellé, saisi lors d’une perquisition par des gendarmes en mars 2010 à Cayenne. Avant d’être remis à la police. Le scellé comprenait, d’après une source judiciaire de l’AFP, « 8 549 €, 200 yuan, 10 dollars de Hong-Kong, 7 bolivares du Venezuela et des papiers d’identité ». Trois policiers, toujours en fonction au commissariat de Cayenne, avaient été placés en garde à vue la première semaine de janvier et auditionnés par l’IGPN, indique le journal France-Guyane. « Deux de ces policiers sont les hommes qui se sont chargés de la saisie de l’argent. Le troisième est un officier, actuel numéro trois du commissariat. »
L’enquête, ouverte par le parquet de Cayenne, aurait confirmé, d’après le procureur Jean-Luc Lennon, « qu’une partie de l’argent détourné aurait servi à construire un carbet (habitation de bois en forêt, NDLR) de la police au bord de la rivière Comté, à environ 40 km de Cayenne ». Le magistrat a précisé qu’il « n’y a pas eu d’enrichissement personnel ».
Cette enquête se poursuit actuellement pour tenter de préciser les mises en causes et les circonstances qui ont conduit à de telles dérives », a précisé le procureur au journal France-Antilles Martinique, ce lundi 16 janvier. »
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Est-il en donc moralement acceptable qu’un élu de la ville de
Fort-de-France, chargée en plus de la sécurité, exprime sa « solidarité » avec un fonctionnaire de police accusé de graves délits de « soustraction et de détournement de biens contenus dans un dépôt public » ?
Les « qualités professionnelles » d’un prévenu, « son sens de l’écoute et du partenariat » n’en font pas un modèle d’intégrité qui justifierait une telle réaction. Car ce qui est reproché au commissaire Alavoine ce ne sont pas « ses qualités professionnelles » mais bien des dérives dont aucun esprit rigoureux ne chercherait à relativiser la gravité.
Pourquoi les jeunes Martiniquais jetés en prison n’ont-ils jamais bénéficié de la mansuétude et de la « solidarité » que manifeste la 2e adjointe au maire à l’endroit de ce fonctionnaire pour le moins indélicat ?
Quelles conclusions pourront tirer d’autres prévenus de l’expression publique de la sympathie de madame Conconne à l’égard d’ un commissaire de police accusé de bafouer les règles les plus élémentaires de sa déontologie professionnelle ?
Fort-de-France, le Samedi 4 février 2012
Francis CAROLE