Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur et des Outre-mer, était l’invité le 1er février dernier de la troisième édition du colloque « l’Outre-mer aux avant-postes », organisé par le journal Le Point. Un colloque un peu loco autant que colo où on pouvait compter le nombre « d’ultramarins » présents sur les doigts d’une main amputée.
Au cœur des débats, les raisons de la cherté de la vie dans nos territoires dits ultramarins. « Le grand sujet, a déclaré le ministre, ce sont les monopoles. Il y a des monopoles capitalistiques insupportables : quelques familles organisent la non-concurrence ! » Il a ensuite précisé les choses : « Ce qui se passe en Martinique à propos de la canne et de la banane n’est pas acceptable. C’est le cas aussi en Guadeloupe, à La Réunion. » Il promet donc de « casser les monopoles et de récréer la libre-concurrence. » Il estime que « cette impuissance de l’État à faire respecter la libre-concurrence est responsable des déviances politiques et des velléités autonomistes voire indépendantistes ».
De quoi faire siffler les oreilles de certains qui n’ont pas tardé à réagir via un communiqué du Medef Martinique que notre excellent confrère France-Antilles a eu la bonté de publier dans son édition du 7 février 2024. Bondamanjak vous révèle les coulisses de cette réaction spontanée du patronat local.
La scène se passe dans la foulée de la médiatisation, le 2 février, des propos du ministre de l’intérieur et des Outre-mer.
— Allo Bernard Edouard ? C’est Bernard Hayot. Tu as entendu l’histrion de la place Beauvau s’en prendre à nous ? C’est impossible de laisser dire que quelques familles sont responsables de la vie chère ! Ton organisation doit réagir.
— Bien sur Bernard ! Nous allons immédiatement envoyer un communiqué. Tu as tellement raison ! La preuve : « La diversité – sans cesse renouvelée – des acteurs économiques et des secteurs d’activités durant les trente dernières années est révélatrice de l’absence de monopole », et « significative du travail acharné et de la prise de risque permanente de nos entreprises qui participent au bien commun et se doivent d’être respectées ». Ca t’ira comme ça Bernard ?
— Oui, ça ira ! Tu ajouteras quand même : « Les aspirations politiques des territoires ultramarins sont complexes et ne peuvent être réduites à une seule variable économique. Il est crucial de ne pas stigmatiser les acteurs économiques locaux en les accusant d’alimenter des mouvements indépendantistes. » Il commence à nous emmerder le petit Harki de la place Beauvau !
— Tu veux qu’on lui fasse livrer une bouteille de rhum vieux Clément ?
— Je crois que je vais parler de lui sérieusement à Eric.
En bon dard et en tout cas car Nanard c’est tout un art.