Bondamanjak

Décodage « Hôtel Rwanda », la suite,

Si l?administration et le clergé belges sont à l?origine de la fracture raciale dans ce pays, c?est bien la France qui contribuera à partir de 1962 à créer les conditions du génocide de 1994. Ce sont bien les théories racialistes de prêtres belges (Mgr Penaudin, les Pères Dejemeppe, Ernotte, ?) qui ont été perfusées à la population rwandaise. L?Eglise catholique et notamment les « Pères Blancs » (congrégation française) vont prendre une part prépondérante dans la constitution d?un stéréotype racial qui constitue le germe qui fleurira en centaine de milliers de cadavres 30 ans plus tard. Pourtant à partir du début des années 60, la France va supplanter la Belgique à Kigali. Pourquoi, comment ? Dès 1961, la diplomatie française venait en aide à la Belgique ? à sa demande – devant les Nations Unis et faisait sienne les théories dévoyées du parti Hutu (Parme Hutu) qui venait de perpétrer les horribles massacres de novembre 1959. La France qui n?avait jamais joué de rôle en Afrique centrale voyait là le moyen d?étendre son influence et la francophonie au c?ur du continent. Sous prétexte de prendre le parti des dominés « les serfs Bahutus » contre « les féodaux Batutsis » un accord de coopération est signé en octobre 1962 entre la France du Général de Gaulle et le Rwanda de Grégoire Kiyabanda. En mars 1963, le Rwanda, devenu indépendant depuis juillet 1962, est accepté au sein de l?Union Africaine et Malgache, composée des anciennes colonies africaines de la France sauf la Guinée de Sékou Touré qui avait envoyé chier la France et De Gaulle, lors de l'indépendance en novembre 1958. Les Belges ne vont pas aimer se faire éconduire mais n'y pourront rien. Renforçant encore plus l?influence française, un accord de défense sera signé en 1975, sous les mandatures de Valéry Giscard d?Estaing et Juvénal Habyarimana. C'est au terme de cet accord que la France de François Mitterand enverra un contingent de l'armée française défendre le régime raciste Hutu lors de la première offensive du FPR le 1 octobre 1990. Pendant toutes ces années, les massacres de tutsis et les purges des tièdes et des modérés au sein des mouvements hutus se poursuivront, rythmant à coup de coutelas la marche vers le second génocide de 1994. Personne n?en saura rien dans l?opinion publique française ou mondiale, ces faits sont occultés par la diplomatie française et par l'ordre mondial de l'information. 1959 à 1967 : plusieurs dizaines de milliers de personnes sont massacrés en plusieurs vagues avec, en 1963, le premier génocide dans la préfecture de Gikongoro (massacres organisés et planifiés par les autoriés administratives). 1972 à 1973 : massacres ciblés de plusieurs milliers de Tutsis et de Hutus modérés. Des familles entières disparaissent. 1990/1991 : suite à l?attaque du FPR, des communautés entières sont massacrées (les Bagogwe). En 1965 l?ambassadeur de France affirmait : « il n?est pas question d?intervenir, même indirectement, dans les affaires intérieures »?.. A. K 47 Pour en savoir plus : « Imprescriptible, l?implication française dans le génocide tutsi portée devant les tribunaux » de Géraud de la Pradelle Editions Les Arènes, Paris, 2005, 187 pages, 19.90 ?