Jean Benoist (anthropologue) repère l’apparition du mot « créolisation » (fin du XIXe siècle) et analyse son évolution sémantique au fil des mutations identitaires. Jean-Luc Bonniol (anthropologue) s’attache pour sa part au traitement des sources anglo-saxonnes de la notion et en étudie l’expansion spatiale et temporelle. Gerry L’Étang (ethnologue) se penche, lui, sur la « variation écologique » en tant que facteur de genèse des sociétés créoles. Jean Bernabé (linguiste) interroge à son niveau la pertinence des concepts de « société créole » et de « langue créole » ; et Christian Ghasarian (anthropologue) examine les prolongements idéologiques des termes exprimant l’identité créole.
À ces articles traitant des origines, significations et usages de la créolisation, s’ajoutent des études de cas. Philippe Chanson (anthropologue) étudie la créolisation de la notion de « Dieu » dans les sociétés antillaises. Aletha Stahl (analyste littéraire), quant à elle, observe le développement de l’affirmation identitaire créole parmi le groupe colon de Saint-Domingue, à mesure que progressait l’entreprise révolutionnaire qui l’évincerait de la colonie. Monique Desroches (ethnomusicologue) mesure pour sa part la fécondité et les limites du concept de créolisation, rapporté au champ musical martiniquais, tout en mettant en regard d’autres notions complémentaires. Vincent Huyghues Belrose (historien), quant à lui, traite d’architecture et met au jour les syncrétismes apparus dans celles des Mascareignes. Raphaël Confiant (analyste littéraire et ethnologue) entreprend, lui, l’étude de la créolisation en Martinique d’une pratique d’origine française ; et David Khatile (ethnologue) fait de même pour une autre pratique culturelle. Appasamy Murugaiyan (linguiste) traite également de l’adaptation aux Antilles d’éléments déterritorialisés, en provenance, cette fois, de l’Inde. André Claverie (analyste littéraire) réfléchit en ce qui le concerne à la créolisation chez l’écrivain Saint-John Perse, celle née de sa rencontre avec l’Étranger lors de sa découverte du monde ; puis Max Bélaise (philosophe) observe un cas de néo-créolisation, celui des Haïtiens de Martinique. Enfin, Philippe Joseph (biogéographe) expose les transformations des paysages qui ont accompagné, dans les Petites Antilles, les changements économiques, culturels et politiques.
À travers des regards multiples, des positionnements diversifiés, ce volume concourt au débat sur la créolisation, à son épistémologie, son exemplification.
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* Archipélies n° 3-4 : De la créolisation culturelle ; numéro coordonné par Gerry L’Étang ; Paris ; Publibook ; ISBN : 9782748391459 ; 338 pages ; 2012 ; 36 €.