Le dernier numéro du magazine martiniquais « Le Naïf » publie un long article d’Edouard De Lépine, historien réputé, homme politique et polémiste redouté.
Claude Lise et Alfred Marie-Jeanne sont dans le collimateur de l’ex-maire du Robert qui y va sabre au clair. Egratignant par ci, écornant par là, n’épargnant personne, journalistes compris, frappant de taille et d’estoc, partout où ça fait mal. Décapant.
A noter que cet article, publié dans le dernier « Le Naïf », a été écrit quelques mois avant le scrutin de mars 2008.
A propos d’une interview de Claude Lise dans Antilla du 11 décembre 2007 sur le référendum du 7 décembre 2003. Extraits : « J’avais lu l’interview de Lise. Quoique je puisse soupçonner Delsham d’avoir tiré les propos prêtés à leur auteur dans le sens qui convenait le mieux à Antilla, je n’avais pas l’intention d’y répondre publiquement. ….. Je pensais qu’il valait mieux calmer le jeu que verser de l’huile sur le feu, ….. J’avais tort.
Deux jeudi de suite, j’ai vainement attendu un signe : quelques lignes de mise au point de Claude Lise précisant qu’il laissait à Delsham, et à son penchant naturel pour le ragot, la paternité des propos qui lui étaient attribués ».
« Awa. ….. me reviennent des propos publics ou privés de plus en plus outranciers et de plus en plus mensongers sur les autres autant que sur moi-même. Voilà qui me libère de toute obligation de réserve et m’amène à publier quelques éléments de réponse à l’interview du Président du Conseil Général. »
Sur l’affirmation de Claude Lise selon laquelle les adversaires du OUI ont eu recours au vieux réflexe de la peur, De Lépine répond :
« Qu’est-ce que c’est que « cette peur qui aurait rythmé l’histoire de notre pays ? ». Nous voilà affublés d’une mentalité d’esclave, nous qui comptons dans nos rangs tant de 22 méistes patentés, convaincus que nous sommes, avec Haïti, le seul pays au monde où une révolte d’esclaves ait été couronnée de succès sans l’aide de personne…. »
« Un pays qui compte tant de septembriseurs, que les enfants de Telga ne perdent aucune occasion de taguer leurs exploits de la signature « Ych Telga » et qu’un drapeau imaginaire, attribué aux insurgés de septembre 1870, monte une garde vigilante sur deux mairies…. ».
« Un pays qui compte tant de « dissidents », que nous avons été, avec la Yougoslavie de Tito, le seul pays à nous libérer nous-mêmes de la dictature (celle de l’Amiral Robert) au terme des « trois glorieuses » journées de juin 1943 sans l’aide d’aucune troupe étrangère. »
« Un pays qui compte tant de décembristes que nous sommes la seule colonie à avoir jeté les CRS à la mer au bout de trois nuits d’émeutes (en décembre 1959) ».
« Un pays qui compte tant de fils de Chalvet que cette dernière grande grève agricole de notre pays (février 1974) passe pour avoir marqué la naissance d’un nouveau syndicalisme…. »
« Un pays tellement farouchement antifasciste que nous sommes le seul territoire européen à avoir interdit à un fasciste, le député européen Jean-Marie Le Pen, de fouler le sol sacré de la patrie… ».
Sur les volte-face d’Alfred Marie-Jeanne qui l’inquiètent plus qu’elles ne l’impressionnent :
« Ce n’est pas moi qui ai déchiré le Rapport Lise-Tamaya. C’est Alfred Marie-Jeanne agissant en tant que premier secrétaire du MIM qui a parfaitement illustré sa conception du dialogue démocratique…. ».
« Ce n’est pas moi qui ai vanté la beauté du geste et la force de l’image ni proposé à l’Assemblé de voter une motion de félicitation à M. le Président du Conseil Régional pour c geste hautement symbolique.
Ce n’est pas moi qui ai voté le 18 janvier 2000, une résolution rejetant la proposition de la Loi d’Orientation pour l’Outre-Mer de réunir en Congrès nos deux assemblées comme une « proposition anti démocratique », avant de m’y rallier après dix huit mois de zangzolage ».
Sur le vote du 7 décembre, selon lui « La Gauche se préparerait des défaites encore plus humiliantes et plus durables si elle n’arrivait pas à s’expliquer et à expliquer à ses électeurs traditionnels pourquoi et comment elle a perdu cette consultation sur un projet porté :
– par 71 % des conseillers généraux et régionaux réunis en Congrès, …
– par les présidents des deux assemblées territoriales, …
– par les présidents des deux Comités Consultatifs, …
– par 5 parlementaires sur 6, par 26 maires sur 34, par tous les partis politiques martiniquais sauf les FMP, …
– par une centaine d’intellectuels,…
– par l’Université, …
– par tous les médias sans exception, …. (une instruction du CSA attribuant respectivement 2/3 du temps au OUI et 1/3 au NON),
– par des instituts de sondages bidons,
– par des présidents de ligues et d’associations, …
– enfin, par une ministre, …
Dans ces conditions, attribuer l’échec du OUI à la peur de perdre le RMI, la retraite des vieux travailleurs ou la Sécurité sociale et à l’argent des békés, est tout simplement indécent. C’est une insulte et une injure gratuite aux 54.000 martiniquais qui ont voté NON. »
Il y a 15 pages du même calibre à savourer. Quelques titres de chapitres : « Evolution institutionnelle ou bal de macaques ? », « Les FAUX déçus du Dimanche noir de la Gauche », « De la peur comme moteur de l’histoire », « Du revirement de certains hommes politiques », « 81% de l’électorat déavoue 71% du microcosme politique », « Une étrange conception de la démocratie », « Pas ça Claude ! Pas toi ! En tout cas, pas à moi ! », « Faire payer à Marie-Jeanne la lacération du rapport Lise-Tamaya ».
Le Naïf, Mai/Juin 2008 – N° 146 2€30.