C’était une veille d’élection présidentielle. La situation en Nouvelle-Calédonie, en Kanaky quoi, occupait toutes les conversations. En France comme en Martinique. Jean-Marie Djibaou, le leader indépendantiste modérateur, fédérateur, partisan du dialogue. Eloi Machoro, le dur, assassiné par les Gendarmes au petit matin. Henghiène et son embuscade sanglante (10 kanaks tués par des métis). Fayaoué et sa gendarmerie attaquée par les Kanaks (4 gendarmes tués, 27 gendarmes en otage). Ouvéa et ses grottes.
Ouvéa. Deux gendarmes tués dans l’assaut. Dix neuf indépendantistes massacrés. Des blessés achevés Le GIGN, la Gendarmerie nationale accusés. Une tâche sanglante sur le drapeau tricolore.
Encore aujourd’hui, une chape de plomb ou plutôt de nickel recouvre les faits, achète les mémoires.
Aujourd’hui, justement, vingt ans après, ironie de l’histoire, l’argent venant de France coule à flot. Des fortunes vite amassées s’étalent. Les Kanaks indépendantistes du FLNKS n’ont plus le feu sacré. Ils gèrent les institutions locales dans un consensus avec les Caldoches de la droite anti-indépendantiste.
Comble de l’histoire encore, aujourd’hui, selon l'Institut de la statistique de Nouvelle-Calédonie, 14 000 "métros" se seraient installés entre 2000 et 2004. Le solde migratoire oscillerait entre 800 et 1 200 nouveaux arrivants par an. D'après Harold Martin, président caldoche du gouvernement local, 7 500 Français de métropole se seraient installés en 2006.
Cet afflux de Français a des effets terribles sur le prix de l'immobilier. Sur la vie, sure la culture. Certains quartiers de Nouméa en bord de mer sont devenus des ghettos pour blancs. Pas un Kanak en vue. En Kanakie. La « colonisation de peuplement » dans ses œuvres.
Avec Le Monde : http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/04/19/les-metros-debarquent-a-noumea_1035978_3224.html#ens_id=628859