Sortie théâtrale
Cette sortie de la communauté noire a quelque chose d’un peu théâtral, qui ressemble à un service commandé. Mais pour le compte de qui? Est-ce l’avocat de la plaignante Kenneth Thompson qui tente de jouer ses dernières cartes, alors qu’il a demandé la mise à l’écart de Vance, l’accusant de parti pris? Ou peut-on même imaginer, scénario plus biscornu, que le procureur de New York ait lui-même intérêt à cette sortie publique des associations, pour faire pression sur les avocats de la défense et les convaincre de plaider coupable d’une moindre charge?
Dans son roman Le Bûcher des vanités, qui racontait la descente aux enfers d’un roi de la finance, injustement accusé de meurtre par le bureau du procureur du Bronx, l’écrivain Tom Wolfe avait décrit le jeu de billard à plusieurs bandes qui se joue dans ce genre d’affaire très médiatique entre la justice, la politique, les médias et l’opinion publique. «Le procureur Vance est un élu, les gens ont le droit d’exprimer leur avis sur l’activité de ce personnage politique, c’est la démocratie», notait hier Taïna Bien-Aimé, représentante de l’association féministe Equality Now. Avec une dizaine d’autres organisations, elle a joint sa voix à celle des anciens policiers noirs pour voler au secours de Nafissatou Diallo.
Au vu de cette mobilisation, un journaliste américain se demande si Vance n’aurai pas intérêt à aller au procès, quitte à jouer un «quitte ou double» pour sa réélection prévue d’ici un an et demi, plutôt que d’abandonner les charges en rase campagne.
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