Cette prééminence du respect du pouvoir et des symboles face aux minorités ethniques était également manifeste dans le scandale des expulsions des Roms, puisqu’il était alors essentiel que la Commission européenne ne taxe pas la France ou son gouvernement de raciste, plutôt que de défendre les droits de la communauté Rom.
Dans la même lignée, il semble qu’il ne faille pas trop porter attention à ces propos racistes et à caractère « négationnistes » pour ne pas ternir l’image de la marque éponyme, comme si les intérêts économiques de cette maison valaient mieux que les intérêts économiques et moraux des populations noires dans leur ensemble !
Guerlain (la maison) trouve ainsi légitime de se faire représenter sur un plateau de télévision par l’héritier Guerlain, mais en revanche, lorsque cette représentation peut porter atteinte à son image, elle feint de ne pas trop savoir ce qui la lie réellement à ce Monsieur Guerlain, comme pour ne pas devoir prendre ses responsabilités.
Les noirs n’ont pas tous la même histoire, ni le même capital génétique, ni la même langue, ni même la même perception du monde, mais ils partagent l’expérience commune d’être perçus par les autres comme un groupe homogène sur la base de critères essentiellement physionomiques : la couleur de la peau, et des différences faciales et capillaires que certains disent « caractéristiques » qui peuvent les différencier du groupe dominant en France métropolitaine.
D’aucuns comme Guerlain tirent de ces caractéristiques physionomiques la possibilité d’en déduire des comportements particuliers ou des compétences spécifiques, comme si le siège du rapport au travail ou de tout comportement social se situaient naturellement dans la couleur de la peau ou autres caractéristiques physionomiques.
Il a été bien naïf de penser que le tokenisme de Sarkozy qui consiste à mettre en avant quelques « succès » de la diversité, ou que l’élection d’un Barack Obama allaient sonner le glas des attitudes ouvertement racistes. L’antiracisme est un combat permanent.
Une chose positive s’est toutefois dessinée. Le mouvement social en Guadeloupe qui a essaimé dans tout l’outre-mer il y a plus d’un an, le lancement de la FAAC et la récente manifestation contre Guerlain, ont montré que les français perçus comme noirs ou qui se reconnaissent comme tels sont désormais prêts à défendre leurs intérêts avec de plus en plus de vigueur et à prendre de plus en plus de poids économiques, médiatiques et politiques pour s’assurer définitivement du respect qu’ils méritent dans cette République dont ils ont largement payé le prix de la richesse dont elle peut jouir actuellement, même si celle-ci est essentiellement captée par des minorités « aristocratiques » qui sont loin d’être « ethniques » au sens moderne du terme.