En cette année proclamée “année des Outre-mer”, l’État veut valoriser les territoires ultramarins. Le “développement endogène” est devenu l’expression à la mode.
Mais qu’y a-t-il derrière cette notion ? Pas grand-chose, selon Dominique Wolton, directeur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS et grand connaisseur de l’outre-mer.
Extraits d’une interview sans langue de bois…
…Vous voulez dire que le patronat n’a pas intérêt au développement endogène ?
“Bien sûr que non ! Tous ceux qui font du transfert allerretour, et même une partie de ceux qui exportent, n’y ont pas intérêt. C’est une économie inégalitaire, à caractère colonial. Ceux qui profitent de ce système n’ont pas envie que ça bouge, même si cela ne profite qu’à 20 % de la population. Le deuxième problème est le niveau des salaires et de la consommation, bien supérieur à ceux de leur zone géographique, même s’il y a beaucoup d’inégalités et de chômage. Il y a des aides sociales, un système de santé et d’éducation… cela ne force pas au travail. Il y a un gâchis des capacités de ces territoires. Il faudrait que le travail soit mieux rémunéré et qu’il y ait moins d’inégalités. En clair : régler tous les problèmes qu’on n’arrive pas à régler depuis trente ans.”
Qui a la plus grande responsabilité ? Paris ou l’outre-mer ?
“Chacun a sa responsabilité. La métropole injecte beaucoup d’argent, mais elle n’en tire pas un énorme bénéfice. Dans le fantasme, on incrimine Paris de toutes les responsabilités. On risque donc d’avoir une révolte avec Paris comme bouc émissaire. Pourtant, la capitale n’est responsable que de 40 % des problèmes. Le reste relève des responsabilités locales dont personne ne parle. On ne donne pas à ces peuples intelligents l’occasion d’être fiers d’eux-mêmes. On les abrutit dans la consommation et après on dit : “Regardez, ils ne foutent rien”.
Source : http://www.lesnouvelles.pf//article/ca-fait-la-une/dwolton-“le-gachis”-des-outre-mer