Bondamanjak

Edouard Edouard… papa Bojino Edouard…

De quel compromis s’agirait-il donc ? Les partisans du scrutin proportionnel intégral sur l’ensemble du territoire, MIM-RDM, et ceux d’une proportionnelle cantonale (? ??) sur 9 sections (PPM-EPMN) se seraient mis d’accord sur le découpage du pays en 4 sections au lieu de 9. Inappréciable progrès que cette transformation de 4 circonscriptions prévues pour un scrutin uninominal majoritaire pour les élections législatives en quatre sections pour un scrutin de liste proportionnel pour notre nouvelle assemblée ! On ne se moque pas davantage de l’électeur.

Ce compromis serait intervenu au sein de la commission mixte mise en place en juin 2010 par le Conseil Régional qui venait d’être élu (mars 2010) et le Conseil Général qui devait sortir neuf mois plus tard en mars 2011. Non seulement cet accord n’a jamais été validé par le Congrès des deux assemblées auquel il devait être soumis, mais aucune de ces deux assemblées n’a eu à en débattre avant le vote du Parlement en juillet 2011. Claude Lise au Sénat et Alfred Marie-Jeanne à l’Assemblée Nationale ont d’ailleurs voté contre cette loi qui n’a jamais fait l’objet d’un compromis quelconque entre élus martiniquais.

Et pas seulement à cause de l’obscénité de la prime de 20 %. Voir à ce sujet l’appréciation générale du rapport de Didier Laguerre, secrétaire général du PPM, responsable à l’époque du Groupe EPMN à cette Commission Mixte et actuel suppléant de Serge Letchimy dans la circonscription du Centre : « si quelques points de convergence ont pu être dégagés sur des aspects mineurs, nous en sommes restés à une mosaïque de positions différentes, voire divergentes…je prends acte de l’échec de cette commission » (Compte-rendu de la commission mixte des élus du Conseil régional et du Conseil général, par Didier Laguerre, 16 septembre 2011)

En réalité, la loi du 27 juillet est un cadeau empoisonné de Sarkozy à la Martinique et à la Guyane pour diviser la gauche martiniquaise un peu plus qu’elle ne l’est déjà, même en accentuant le malaise au sein de sa propre famille, en tout cas à la Martinique, où la droite n’en finit pas d’avaler des couleuvres grosses comme des boas et de se déconsidérer chaque jour un peu plus malgré les habits neufs dont elle voudrait parfois se couvrir ou les éclairs de lucidité et de courage qui peuvent illuminer de temps en temps la fumeuse opacité de ce qui lui tient lieu de corpus politique.

La gauche martiniquaise et en tout cas les progressistes martiniquais n’ont absolument pas le droit d’être si peu que ce soit complices de cette résistible dérive qui peut conduire n’importe où sauf à l’autonomie et au socialisme dont nous rêvons.

Autant nous devons être décidés à contribuer à la consolidation de la victoire de François Hollande et de la gauche française en assurant à son Premier Ministre Jean Marc Ayrault et à son gouvernement la plus large majorité possible à l’Assemblée Nationale autant nous entendons demeurer vigilant quant à l’usage qui pourrait être fait par ceux que nous aurions envoyé siéger à l’Assemblée Nationale.

Les électeurs de gauche doivent poser clairement deux questions à tous les candidats et d’abord bien entendu à eux qui se réclament de la gauche :

1/ Êtes-vous pour ou contre le mode de scrutin prévu par loi de Juillet 2011 et pour cette prime obscène de 20 % accordée à la liste arrive en tête même avec une seule voix de majorité ?

2/ Êtes-vous pour ou contre un mode de scrutin mixte, proportionnel et majoritaire, qui garantisse à la fois la représentation de tous les courants politiques présents dans notre pays et celle de nos communes ?

C’est sans état d’âme que nous n’accorderons notre confiance à aucun candidat qui refusera de s’engager clairement pour l’abrogation pure et simple de toute la réforme territoriale de Sarkozy, y compris par conséquent en ce qui concerne la Martinique, et pour une redéfinition au niveau des élus martiniquais d’abord des conditions du passage de notre statut actuel à celui de collectivité unique que nous avons souhaitée en 2010.

En quoi nous sommes fidèles à l’idée qu’on se faisait autrefois à gauche du processus de ce passage : on discute d’abord, on négocie ensuite et on vote après, une fois le peuple parfaitement informé du contenu de la discussion et des résultats de la négociation. C’est la seule façon d’éviter qui nous menace dangereusement la dépolitisation rampante de notre peuple et singulièrement de notre jeunesse, l’éloignement progressif des électeurs des consultations électorales qui l’intéresseront de moins en moins s’ils ont le sentiment que les décisions sont prises sans eux et parfois malgré eux quand ce n’est pas contre eux.

Le Robert 03/06/2012

Édouard de Lépine