Bondamanjak

EN MAI FAIS CE QUI TE …PLAIE BEANTE

"Je suis premièrement en désaccord avec l?intitulé: « des mémoires de la traite négrière, de l?esclavage et de leurs abolitions ». C?est une proposition ambiguë, qui essaie de concilier d?une part les concepts de commémoration de l?abolition de l'esclavage et d?autre part de célébration des victimes du crime que fut l'esclavage colonial. Je pense qu'il faut être clair. Si l'esclavage colonial (traite et esclavage des nègres) est reconnu crime contre l?humanité, c?est devant la mémoire des victimes qu'il faut s'incliner. C'est un geste symbolique qui a valeur de réparation. C?est également conforme aux habitudes en la matière des états respectueux des droits de l?homme. Deuxièmement, concernant la proposition de date de cette commission, je dirais qu?à définition de concepts flous, correspond une proposition de date ambiguë et mauvaise. Le 10 mai est censé rappeler le 10 mai 2001, jour de l?adoption au Sénat et au Parlement de la loi Taubira-Delannon. Dans cette loi, l?esclavage est reconnu crime contre l?humanité mais sans coupable et sans victime. Je rappelle qu?en effet, le Parlement a immédiatement rejeté les propositions initiales de Mme Taubira qui désignaient clairement les coupables (dans l?article 1 de cette loi) et l?existence des victimes (article 3). C?est pour cela que le 10 mai ne peut correspondre au jour où l?on honore la mémoire des victimes de l?esclavage. En fait, le choix du 10 mai a été motivé dans la précipitation en février 2005 (il fallait absolument remettre une date au ministère). Choisi en avril 2004 (première réunion plénière du CPME), le 27 avril avait été en effet disqualifié par les réactions de la communauté antillo-guyanaise (pétitions, réunions avec le CPME). Refusant sous prétexte de « privatisation de la mémoire » la date du 23 mai, le CPME découvrit alors que la date du 10 mai pouvait être utilisée efficacement contre le 23 mai. Il espérait alors diviser la communauté antillo-guyanaise en essayant d?opposer la loi Taubira-Delannon au mouvement qui lui a permis d?exister : l?historique marche du 23 mai 1998. C?est pour m?opposer à cette démarche politicienne et pleine de mépris pour notre communauté que j?ai décidé de démissionner de ce comité pour la mémoire de l?esclavage. Le 23 mai 1998, nous avons découvert des sentiments que nous ne connaissions pas : la fierté, la dignité et l?amour pour nos aïeux esclaves. Le 23 mai est donc devenu le jour que nous avons choisi depuis maintenant 6 ans pour honorer la mémoire de nos aïeux victimes de l?esclavage colonial. Il le restera, quelle que soit la décision du gouvernement." Serge Romana