L’équipe se présente :
Nathalie Fanfant : Présidente de l’association Originaire de la Martinique, chef d’entreprise. Rappelle que nous sommes à des degrés divers issus de métissages et ajoute que nous sommes tous créoles.
Dominique Louveau de la Guigneraye : Vice Président de l’association Originaire de la Martinique, représentant des Rhum Clément et Damoiseau de la Guadeloupe. Les couleurs n’existent pas, la seule couleur que nous ayons est le rouge de notre sang.
Grégory Kromwell : Vice Président de l’association, Martiniquais. Origines irlandaises, chinoises. La société créole a des exemples à donner et doit être source de réflexion pour toute la communauté française.
Jim Michel-Gabriel : porte-parole de l’association. Originaire de la Guadeloupe, d’une mère 100% antillaise avec des origines béké, et noires et un père libanais ; avocat à Paris. Je suis fier d’être le porte-parole d’une telle association.
Béatris Compère : secrétaire/ chargée des relations avec la presse ; Originaire de la Martinique. Un arrière-grand-père béké, un arrière-grand-père noir, une arrière-grand-mère amérindienne. TC ! a également pour but d’ouvrir les frontières. Nous serons rejoints par des haïtiens, des mauriciens. Je n’avais pas envie de laisser à mes enfants un monde de populations incapables de vivre ensemble.
Toualy Montredon : secrétaire/ chargé des relations avec la presse. Je suis né à Paris mais je suis martiniquais. Il est temps d’avancer.
Laurent Monjole : trésorier de l’association. Originaire de La Réunion. Fonctionnaire territorial. Ce qui s’est passé chez nos cousins de la Caraïbe a servi de déclic. Porter la voix des cousins de l’océan Indien.
Philippe Lavil : Président du comité de parrainage (regroupant également Jacob Desvarieux et Marie-José Pérec) Le 31 janvier dernier à 9h00 du soir, nous étions sur la scène de l’Olympia, on se tenait la main parce qu’on avait créé le Caribean Jazz Festival. Il n’y avait sur scène que des créoles. Je suis fier d’être parrain d’honneur.
Le micro est alors passé parmi l’assemblée. Voici quelques extraits de témoignages :
On est différents, confrontons nos points de vue.
Dédé Saint-Prix de la Martinique – Tout de suite j’ai dit oui. Puis je reviens à la maison, je regarde le Net, puis je dis non. Après je me rends compte que je suis en train de me faire manipuler. Ici on est venu éviter toute manipulation. Il peut y avoir des chefs mais… Je suis avec vous car nous devons montrer au monde qu’il faut qu’on fasse des choses ensemble, et je suis prêt.
X de la salle – Je suis un homme avant d’être martiniquais. Quel est le but de cette association, qu’est-ce qu’on va faire avec cette association. Liberté ? Oui. Egalité ? Oui. Fraternité ? Je suis prêt à être dans ce mouvement mais…
Jim Michel-Gabriel – On veut d’abord réfléchir à la question « qu’est-ce qu’être créole ? » Vivre ensemble, apprendre à se connaître. Ma mère est antillaise 100%, en même temps dans ses origines il y a aussi des métros, en même temps j’ai des origines libanaises. Cinq générations, des origines guinéennes. Il faut qu’on se donne la main pour avancer tous ensemble et ce à tout niveau.
Nathalie Fanfant – Après la rentrée, un débat sur « Qu’est-ce qu’être créole ? » Dépasser les clivages car une société construite sur des clivages meurt. Nous sommes des gens très riches et il faut que nous en prenions conscience. La société antillaise est l’addition de toutes nos richesses. Il faut l’accepter pour pouvoir avancer.
Jude Sahaï (Guadeloupe) – Indien Ni béké, ni nègre, ni mulâtre… Parti de Guadeloupe pour aller en Inde, j’ai vécu dans des ashrams. Les maîtres m’ont dit « Tu n’es pas indien ! » Tu ferais mieux de méditer. J’ai découvert une civilisation blanche (aryenne) qui s’était métissée à une civilisation noire (dravidienne) et à d’autres asiatiques. On ne naît pas par hasard. Aux Antilles, j’ai créé le mouvement Soleil Indien. Nous nous attelons à restituer la place de la culture indienne : 50.000 en Guadeloupe, 5.000 en Martinique.
R de Jaham – Votre démonstration étourdissante est extraordinaire et je vous en remercie. En Martinique, TC ! a axé ses démarches sur la connaissance des uns et des autres. Nous avons amené nos membres à une fête religieuse indienne.
Claude Beuzelin (syndicaliste) – Je suis un béké lambda, ce genre de béké qui n’est pas possesseur de terre, même si je ne suis pas au smic ni rmiste, je suis à la retraite. Il faut que nous réfléchissions sur l’égalité. Deux siècles après la Révolution française… Elle dit : « Tous les hommes sont égaux devant la nature et devant la loi ». Nous avons besoin de compléter la Révolution française. Il faut qu’elle continue. Les Antilles sont un peu une sorte de reliquat d’une société qui a été féodale.
David Auerbach – La créolité est une richesse à partir du moment où on n’est plus dans la peur de l’autre, la haine de l’autre. L’homosexuel est un créole par excellence… Le jour où nos sociétés arriveront à respecter les orientations sexuelles, alors elles arriveront à respecter la notion de différence… J’espère que nous pourrons construire ensemble, vous êtres utiles.
Manuella Marie de Guadeloupe : J’ai pris conscience de ma créolité quand toute petite à l’école je me suis fait traiter de « blan chodé » jusqu’au jour où j’ai trouvé l’acte d’abolissement d’un de mes ancêtres. Je suis issue d’un ancien serf. Mon premier ancêtre était un « 36 mois » (petit blanc engagé au contrat de 36 mois durant la période de l’esclavage). Dans les médias on nous raconte tout et n’importe quoi sur nos îles et souvent on ne dit rien. Nous devons exiger un droit de réponse aux médias. Il faut aussi écrire à Larousse pour changer la définition du mot « créole ». Ils n’y connaissent rien. Je fais aussi partie d’une Association de généalogie de la Caraïbe. J’ai un ancêtre qui venait de Barbade. Et ma question c’est est-ce que Tous Créoles ! existe en Guadeloupe ?
Jean-Michel Martial – Comédien, Guadeloupéen, vivant à Paris depuis de nombreuses années. Lorsque j’ai entendu parler de cette manifestation, j’étais heureux, ça se confirme. Que faisons-nous de nos différences ? Le chaos ou bien la vie ? Et cette association fait le choix de la vie. La rencontre entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie se passe aux Antilles. Porter la vie un pas plus loin, c’est un grand pas que nous ferons pour les autres.
Deux Réunionnaises – A la Réunion nous sommes aussi des créoles !
Thierry Fanfant : J’espère que les Antillais nés en Métropole ne seront pas mis à part de TC !
Jim Michel –Gabriel : Nous nous retrouverons après la rentrée de septembre, pour notre première réunion dont le thème sera « Qu’est-ce qu’être créole ? ». « Qu’est-ce qu’être créole aujourd’hui en Métropole mais également dans nos départements d’origine ? Comment les autres nous voient-ils ? » Merci à tous !