Par Thierry #Négi guide touristique.
J’étais hier matin à l’inauguration du #Zoo du #Carbet et je dois avouer que je suis plutôt triste de ce qu’est devenue la première Habitation sucrière de la #Martinique fondée avant 1643.
Au moment ou la Présidente du #CMT elle même parle en admettant que le #tourisme culturel est de plus en plus prisé à la Martinique et que dans la #Caraïbe nous sommes ceux qui possédons le plus d’atouts dans ce domaine, voilà qu’on transforme ce site historique en un parc animalier.
J’ai eu l’occasion mainte fois de faire visiter ce lieu où chaque pierre, chaque mur racontait son histoire, mais aujourd’hui j’ai eu le cœur serré en voyant ce qu’ils en ont fait.
Les anciennes cases d’esclaves sont devenues « l’ancien l’hôpital » avec à côté quelques singes interrogatifs, l’indigoterie un refuge de mangouste, la palmeraie et son bassin est réservée à des flamands roses, un peu plus loin au pied de l’ancienne usine sucrerie un puma, un jaguar cherche de l’ombre, à proximité des anciennes coulisses à cannes, on traverse une volière où des employés remettent des petits gobelets d’eau sucrée aux visiteurs pour attirer des perroquets assoiffés qui finiront assurément diabétiques…
Par ci par là, comme pour s’épargner d’un cas de conscience, des panneaux font un clin d’œil à la mémoire de ceux qui ont vécu, souffert et son mort dans ces lieux chargés d’histoire.
Le lieu est en effet magnifique et devrait être classé monument historique par sa valeur culturelle et patrimoniale inestimable, pourquoi l’avoir transformé en zoo, pourquoi ne pas avoir implanté ce zoo sur un site neutre ?
Par ailleurs, en tant que guide touristique, je peux vous certifier que les visiteurs que j’y emmenais étaient ravis de découvrir ce pan de notre histoire à travers les vestiges de cette habitation qui fut le site en 1717 d’une célèbre révolte des planteurs, « le Gaoulé », ils y découvraient avec ravissement ce magnifique jardin sculpté par Jean-Philippe Thoze qui jouait avec les différents plans, utilisant en toile de fond des nappes de végétaux pour en faire une composition végétale d’une beauté saisissante. .
Je ne crois pas qu’aujourd’hui l’attrait sera le même car je ne pense pas que mes clients auront fait le voyage jusqu’ici pour voir quelques animaux en cage.
Mettre des animaux dans ce lieu équivaut pour moi à profaner la mémoire de nos ancêtres, à ce rythme on peut imaginer un jour que la cathédrale de Fort de France, les ruines de Saint-Pierre ou la bibliothèque Schoelcher soient transformées en zoo, comme ça a d’ailleurs déjà été le cas, lorsque dans les années 50 le Fort Saint-Louis était un parc animalier…
En interpellant et en questionnant quelques « décideurs et officiels » sur l’occultation de l’histoire du lieu, de ce patrimoine, j’ai eu comme réponse que c’était une façon de valoriser et de préserver les murs tout en créant une activité économique dans l’optique du « Grand Saint-Pierre »…
Doit t-on dilapider notre histoire au nom d’un prétendu développement économique ?
Quoi qu’on dise ce site s’appelle dorénavant, le Zoo de Martinique à l’habitation Anse Latouche et il vous en coûtera 15,50 € pour voir quelques animaux assoiffés, crevant de chaleur et à qui personne ne demandera leur avis… ;'(
En cliquant sur ce lien vous verrez à quoi ressemblait l’Anse #Latouche :