Et si on posait les mêmes questions aux gens qui revendiquent le droit de jouer leur rôle dans la vie de la cité ? ? En voilà trois qui à défaut de nous dire nos quatre vérités peuvent être des « réponses donc je suis »…
1- Est-ce normal d’avoir en Martinique une taxe octroi de mer sur le riz alors que ce n’est pas une production locale ?
Peut-on réduire la question de l’octroi de mer en Martinique à celle du prix du riz ? Par ailleurs, les statuts du riz par rapport à l’octroi de mer ne sont pas identiques. En effet, si l’essentiel de ce produit arrive déjà conditionné en Martinique, prêt à la vente directe aux consommateurs, une partie (15 à 20%) est du riz cargo, brut, qui sera décortiqué, traité, raffiné et conditionné sur place, avec une création d’emplois supplémentaires pour la Martinique.
Cette partie est, à juste titre, exonérée d’octroi de mer car, économiquement, il s’agit de l’importation d’une matière première qui est industriellement transformée sur place, avec une plus value.
Ce sont donc des situations économiques différentes et des intérêts divergents qui se manifestent.
En réalité, l’exemple du riz -contestable, comme on l’a vu- est une caricature dont l’objectif est de conforter l’offensive de la commission européenne et de certains importateurs locaux contre l’outil fiscal qu’est l’octroi de mer.
Contrairement à ce qui est asséné par certains, ce n’est pas en supprimant l’octroi de mer que les prix des produits baisseront. On verra surtout augmenter les superprofits des importateurs ainsi que des grandes surfaces et on appauvrira encore plus notre pays.
Les surprofits sont à rechercher dans le transport maritime(sous monopole CMA/CGM), les marges excessives de distribution (gros et détail), les droits de port, le débarquement etc…
Curieusement, on évite soigneusement de parler de la TVA dont le taux normal en Martinique s’élève à 8,5%. Cette taxe s’applique à la fois aux produits et aux services et constitue en volume, au bénéfice de l’Etat, une recette plus importante que l’octroi de mer qui, lui, est au service des collectivités locales.
Rappelons, en passant, qu’à La Réunion les ventes et importations de riz sont exonérées de la TVA…POURQUOI ?
2 – Comment expliquer qu’un produit fabriqué en Martinique (Royal Soda 50 cl) soit vendu moins cher en France hexagonale (gare de Choisy-le-Roi en région parisienne) qu’en Martinique ? 1€30 contre 2.50 € ?
Il ne faut pas comparer un simple exemple avec un autre simple exemple. Il faudrait, pour déduire une conclusion pertinente, comparer les différents prix de ce produit en France et en Martinique.
Ces « exemples » sont des clichés utilisés pour inculquer de fausses idées dans la tête des Martiniquais. Pendant ce temps, on ne parle pas des superprofits réalisés à chaque étape de la chaîne d’importation…sur le dos du consommateur martiniquais. Ainsi, le prix abusif et scandaleux des billets d’avions n’a aucun lien avec l’octroi de mer. C’est une manifestation de la pwofitasyon des compagnies aériennes françaises sur une clientèle captive.
3 – Doit-on supprimer l’octroi de mer en Martinique ?
À notre avis non. Certes, il n’est pas interdit de réfléchir à son évolution mais l’octroi de mer est le seul levier de notre fiscalité. Le supprimer, comme le souhaite depuis toujours Bruxelles, c’est renforcer notre intégration à l’Europe et continuer à tuer notre économie et notre capacité de résistance dans le domaine alimentaire.
Son incidence sur les prix à la consommation est modérée, selon l’étude Saint-Cyr/ Marquès. Les recettes globales de l’octroi de mer sont inférieures à celles de la TVA qui alimentent les caisses de l’État français.
L’octroi de mer permet effectivement de protéger la production locale qui représente 8% du PIB et 5000 emplois. Il conforte les moyens financiers des communes et de la CTM (250 millions d’euros) qui sont réinvestis sur place, ce qui permet la création d’emplois et, plus largement, l’amélioration des conditions de vie de nos compatriotes. C’est donc aussi un outil de développement humain au service des Martiniquais.
En ce sens, il doit être amélioré et renforcé pour être encore plus efficace, dans une stratégie de souveraineté alimentaire qui implique la production agricole et la transformation agroalimentaire. L’avenir n’est pas la transformation de la Martinique en vaste hypermarché qui nous rendrait en réalité tellement vulnérables et dépendants que nous serions dans l’incapacité de nous alimenter en cas de crise majeure.
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