Bondamanjak

EUNICE BARBER CONTRE LES CHAMPIONS DU MONDE DU SAUT EN LARGEUR

L'athlète Eunice Barber fait l'objet d'une information judiciaire pour "refus d'obtempérer", "mise en danger de la vie d'autrui", "outrages" et "violences" sur agents, trois semaines après son interpellation controversée en banlieue parisienne, a annoncé mardi le parquet de Bobigny. Ce dernier a ouvert lundi cette information "au vu des procédures menées par la Sûreté départementale et l'Inspection générale des services (l'IGS, police des polices)". En ouvrant une information judiciaire, le procureur de la République confie à un juge d'instruction le soin d'apprécier les preuves ou de réentendre les personnes impliquées et témoins, dont la propre mère d'Eunice Barber. Le juge peut ensuite prononcer un non lieu ou décider de mettre en examen Eunice Barber. Les versions divergent à propos des conditions de l'interpellation de la jeune femme de 31 ans, le 18 mars, alors qu'elle circulait au volant de sa voiture, aux abords du Stade de France. Barber affirme que son interpellation a été très musclée et accompagnée de remarques insultantes, mais les policiers nient ces accusations et affirment qu'elle a mordu deux d'entre eux alors qu'elle était dans un état hystérique. La double championne du monde 2003 (heptathlon et longueur) d'originesierra-léonaise, qui avait subi sept jours d'ITT (incapacité totale de travail), a plusieurs fois fondu en larmes, le 24 mars, en s'adressant à la presse. Si elle a admis n'avoir peut-être pas "compris les indications" des policiers, elle a nié avoir forcé l'interdiction d'un agent d'emprunter une voie fermée. Elle a raconté avoir été giflée d'emblée sans explication, puis projetée au sol, un pied placé sur la nuque. Elle a reconnu avoir mordu un policier, alors que, selon son récit, d'autres lui tordaient les mains et les bras. "Quand j'ai dit que j'étais Eunice Barber, l'attitude des policiers à mon égard a changé", a-t-elle également affirmé. Selon le parquet de Bobigny, pourtant, "rien ne justifie l'ouverture d'une information judiciaire à l'encontre des policiers". Des témoins ont contredit la version d'Eunice Barber: un passant aurait ainsi décrit le comportement de "furie" de l'athlète, selon une source policière. Des caméras de surveillance situées près du stade auraient "partiellement corroboré" cette version. Une source proche de l'enquête a indiqué que l'athlète n'avait pas obtempéré à l'ordre de l'agent, mais que, en outre, elle avait redémarré alors que le policier avait encore un de ses bras passé au travers de la portière. Eunice Barber a déposé deux plaintes contre les policiers: l'une à l'IGS, l'autre auprès du doyen des juges d'instruction de Bobigny. Cette dernière plainte avec constitution de partie civile garantit à l'athlète que son affaire sera instruite par un juge même si le parquet n'ouvrait pas de lui-même une seconde information judiciaire. Les deux instructions – l'une visant Barber, l'autre visant les policiers – pourraient être jointes.