Et on voit un président de Région, empesé, avec l'un de ses acolytes à coté de lui, rendre hommage à Eugénia Charles, ex-premier ministre de la Dominique, surnommée la Dame de fer de la Caraïbe et connue pour s'être opposée à l'indépendance de l'île. Le désir compulsif de se doter d?une stature nationale au niveau de la Caraïbe conduit le leader du MIM à des comportements surprenants et des accointances plutôt nauséabondes. Qui était donc cette dame venue mourir en Martinique ? Le souvenir le plus cuisant que la Martinique a d'elle se situe au cours de l'année 1981 avec l'affaire des « dreads » qui prolongeait l'affaire Desmond Trotter. Jeune leader des rastas, appelés « dreads » car s'impliquant dans la vie politique, Desmond Trotter (du Mouvement pour une Nouvelle Dominique-MND) va être condamné à mort en 1976 à l'âge de 20 ans, sur la foi d'un témoignage tendancieux l'impliquant dans le meurtre d'un américain. La mobilisation internationale des mouvements de gauche et d'extrême-gauche (le GRS en Martinique, notamment) va conduire la justice dominicaine à commuer sa peine en détention à perpétuité. Peu après l'indépendance de 1978, les émeutes de 1979 créeront une situation quasi-insurrectionnelle qui obligera le gouvernement dominicain à libérer Desmond Trotter qui s'exilera un moment à Shashemene en Ethiopie. Cette situation de guerre civile que connue la Dominique à cette époque, avec des manifestations violentes et une grève générale, fut initiée et entretenue par le Comité pour le Salut National, groupe de coalition composé de gauchistes et de conservateurs et dirigé par Eugenia Charles. Mary Eugénia Charles, celle qui à ses débuts dans la politique était considérée comme une légaliste et un « un laquais de la bourgeoisie », s'empara du pouvoir en 1980 et appliqua une politique anti-sociale et pro-britannique. Déjà, dès sa prise de pouvoir, la répression fut féroce, violente et sanguinaire contre les gauchistes et les rastas «dreads », ses anciens alliés au sein du Comité de Salut National qu'elle dirigeait naguère. L'opposition, pendue, fusillée ou en prison, fut très vite anéantie. Durant 15 ans de règne sans partage, sa politique visa à favoriser les entreprises privées et les investissements étrangers, spécialement pro-américains et à établir une relation privilégiée avec les Britanniques et les Américains. Auparavant, au milieu des années 1960, Eugénia Charles avait déjà manifesté ses préférences en devenant la présidente de la Fédération des Employeurs de la Dominique. Cette position lui assura le rôle de porte-parole des intérêts du monde des affaires et des gros patrons de l'île et l'accès au financement de sa carrière politique. Puis elle créa en 1975 le parti conservateur Dominica Freedom Party (DFP) pour combattre la revendication d'indépendance défendue par le Prime Minister de l'époque, Patrick John. Qu'est ce que Alfred Marie-Jeanne faisait là. ?
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