Le jury du Prix RFO du livre 2007, présidé par Daniel Picouly, s’est réuni ce lundi 15 octobre
au Procope pour décerner le prix à Fabienne Kanor pour son roman Humus. Ce livre a été
choisi au premier tour par cinq voix contre quatre accordées au roman de Sami Tchak, Le
Paradis des chiots.
L’auteur
Après des études supérieures en Littérature comparée et en sémiologie, Fabienne Kanor, se
lance dans le journaliste. En 2004, son premier roman D’eaux douces, dont la force et la
beauté ont conquis un large public reçoit le Prix Fetkann.
Antillaise d’origine, orléanaise sur papiers, parisienne sur le tard, Fabienne Kanor à longtemps
vécu à Saint-Louis du Sénégal avant de regagner la Martinique.
Entre la réalisation de documentaires, de courts-métrages (La Noiraude en 2005) et l’écriture,
Fabienne Kanor, nous livre avec Humus un roman remarquable sur l’esclavage avec
l’imagination pour mémoire.
Le livre
En 1774, pleine époque de la traite des noirs, quatorze femmes parquées dans les cales d’un
bateau négrier nantais décident de se rebeller et de sauter à l’eau.
Extrait : «Ne pas savoir. Encore attendre. Dormir là, dans cette case où entre la mer. C’est la nuit qu’elle marche à pas
feutrés. La nuit qu’elle se glisse dans notre sommeil. Je me réveille. La pièce vibre. L’oreille cherche. Cela vient de tout
près, de très loin, de partout. Qui peut savoir avec cette mer dont nul n’a jamais vu le bout ! Car plus tu avances, plus tu
t’éloignes. C’est ce que l’on raconte. On dit aussi que l’océan grossit. Que vient un temps où les jambes sont trop
courtes et ne peuvent plus te porter.
Le vent retombe et la chaleur est insupportable.
Au fil des jours, je découvre les visages. Les femmes parlent, se lient d’amitié en fonction des langues et des sourires.
Ma nouvelle camarade est de ma taille. Même poids, même prix, même cœur. Ne dort jamais la nuit…
