Sir Richard Branson, le célèbre président du groupe Virgin, soutient
une action en justice intentée par des militants écologistes. Un projet
de complexe touristique pharaonique dans les îles Vierges britanniques
[Petites Antilles] menace en effet l’avenir de la mangrove, un
écosystème très fragile. Les îles Vierges britanniques abritent
également la demeure paradisiaque du magnat britannique des affaires.
Le procès, qui doit se tenir l’an prochain, devrait avoir des
retombées importantes en matière de protection de l’environnement dans
les Caraïbes. Sir Richard a embauché une équipe d’avocats chevronnés
afin d’y empêcher la construction d’une marina, d’un hôtel cinq étoiles
et d’un golf.
La villa des Branson se trouve sur Necker Island, une île que sir
Richard a acquise pour la somme de 206 882 euros en 1979 et qui se
trouve à proximité de Beef Island, où devrait être érigé le complexe
hôtelier. Ce projet risque de mettre en péril l’équilibre d’une des
plus belles mangroves des îles Vierges, qui abritent une faune et une
flore d’une grande richesse. D’après les plans conçus par le
gouvernement local, un parcours de golf sera situé au beau milieu de la
mangrove.
Le Comité environnemental des îles Vierges britanniques (VIEC), une
ONG financée entre autres par sir Richard, affirme avoir intenté une
action en justice afin de protéger l’environnement des îles Vierges
britanniques à l’intention des générations futures.
Son porte-parole a déclaré : "C’est un procès qui fera date car il
touche un nombre de sujets importants, liés à l’avenir de la
législation et des pratiques environnementales dans l’ensemble des
Caraïbes. L’issue du procès aura forcément des répercussions sur la
façon dont seront envisagés d’autres projets hôteliers. Et ce procès
permettra aux îles Vierges britanniques de se développer de manière
durable. Il sera possible de définir plus précisément la responsabilité
du gouvernement en termes de respect de la législation environnementale
quand il s’agira d’accorder ou de refuser des permis de construire."
En octobre, l’affaire a été portée devant la Cour suprême des
Caraïbes orientales. Le procès se tiendra donc début 2009. Les
défenseurs de l’environnement espèrent voir le permis de construire
annulé, tandis que Beef Island se verrait conférer le statut de parc
national des Caraïbes.
"Nous pensons qu’ainsi nous parviendrons à une solution plus
adaptée pour Beef Island, et que cela constituera un robuste précédent
juridique pour le développement des îles Vierges britanniques et des
Caraïbes. Dans l’idéal, le terrain pourrait même être proposé au
gouvernement pour acquisition et les zones les plus sensibles déclarées
parcs nationaux, le reste pouvant faire l’objet d’un développement
durable. En intentant une action en justice, le VIEC garantit la
préservation des ressources naturelles des îles Vierges britanniques
pour le bénéfice des générations futures, et veille à ce que le
gouvernement respecte les procédures définies par la loi quand il
accorde des permis de construire. Et le VIEC prouve que les gens
peuvent se faire entendre quand des questions environnementales sont en
jeu, des questions susceptibles d’affecter le bien-être de tous les
citoyens", a expliqué le porte-parole du VIEC.
Sir Richard vient d’annoncer son intention de bâtir une station
balnéaire écologique sur Mosquito Island, qui fait également partie des
îles Vierges britanniques. On y trouvera une vingtaine de villas et un
restaurant en bord de mer, qui utiliseront uniquement l’énergie
d’éoliennes et de panneaux solaires.
Il est probable que ce litige a servi d’illustration au débat sur
l’établissement d’une cour environnementale internationale dont Stephen
Hockman, ancien bâtonnier mandaté par le patron de Virgin sur le
procès, s’est fait l’avocat. L’idée a d’ailleurs été accueillie avec
une prudente bienveillance par Gordon Brown, le Premier ministre
britannique. Il a déclaré aux membres du Parlement que, pour s’engager
dans cette voie, il faudrait avant tout persuader tous les pays de
s’entendre sur le plan juridique.
Repères
Un tribunal pour l’environnement ?
Aucune juridiction internationale n’est, à l’heure actuelle,
habilitée à traiter des litiges sur le thème de l’environnement. Alors
que se déroule jusqu’au 12 décembre à Poznan en Pologne une conférence
sur les changements climatiques réunissant 170 pays sous l’égide de
l’ONU, l’idée d’une Cour internationale pour la défense de
l’environnement est avancée – prudemment – par la Grande-Bretagne.
Voici quelques jours à Londres, Stephen Hockman, un ancien bâtonnier
d’Angleterre, a plaidé pour l’établissement d’une telle cour.
L’objectif premier serait d’accompagner par la régulation, et au besoin
par la sanction, les décisions prises à l’échelle internationale pour
lutter contre les changements climatiques. Rien n’indique toutefois que
cette idée, déjà évoquée en 2003 par le ministre britannique de
l’Environnement, ne dépasse la simple déclaration d’intention aux
sommets internationaux.
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