Henri Louis-Régis, Président de l’Assaupamar, signe ce texte au nom des membres du collectif »Préservons le patrimoine de la baie de Fort-de-France »
« Le projet d’extension du port de Fort-de-France repose on le sait sur une spéculation relative à l’évolution des lignes transocéaniques avec l’agrandissement du canal de Panama. Cependant les autorités elles-mêmes incitent à la prudence compte tenu des incertitudes sur les projections économiques (cf rapport de la cour des comptes sur le port autonome de #Guadeloupe – février 2013).
A ce stade, concernant les enjeux de l’agrandissement du canal de Panama et de ses répercussions sur l’économie de la #Martinique, juste deux remarques, sous le soleil des #Antilles, où bien des experts ont pris l’habitude de vendre n’importe quelles idées à des populations trop crédules.
Première remarque qui en appelle au bon sens de chacun : où sont les navires qui empruntent le canal de Sainte-Lucie, traversant l’océan Atlantique, pour relier l’Asie à l’Europe ? Chaque Martiniquais peut quotidiennement scruter l’horizon maritime pour faire cet impressionnant comptage… Il n’y a donc pas de demande….
D’où la seconde remarque, toujours suivant le raisonnement des experts de la place où il semblerait alors que l’extension du port de Fort-de-France va révolutionner les logiques du transport maritime mondial : les porte-conteneurs chinois décideraient d’abandonner le canal de Suez pour rejoindre l’Europe ; volontairement, ils allongeraient la durée des voyages (et donc alourdiraient les coûts de la cargaison) pour passer par le canal de Panama et marquer une escale dans l’incontournable port de Fort-de-France puis rejoindre l’Europe. Sans oublier les navires brésiliens qui eux-aussi ne pourront pas résister à notre attractivité et ils allongeront leur voyage pour faire escale à Fort-de-France.
En fait toute cette argumentation relève du registre de la fable, « une fable panaméenne » pour des populations martiniquaises aisément manipulables. Nous savons très bien que le projet d’agrandir le port répond à la volonté d’importateurs (de surgelés) qui veulent optimiser les conditions de mainmise sur notre marché et les consommateurs passifs et captifs que nous sommes.
Et sans aller plus loin dans la farce économique qu’on essaie de nous conter, sur le plan écologique, le projet n’est pas acceptable en l’état ! Ce projet d’extension signifie la destruction irréversible d’un milieu unique en Martinique, dont le début d’inventaire nous laisse deviner toute la richesse biologique (410 espèces inventoriées depuis mai 2014, un inventaire exhaustif demanderait plusieurs années).
L’usage destructif des récifs de la baie de Fort-de-France comme matériaux de carrière n’est autorisé, ni par la loi Littoral, ni par le SAR et le Schéma Régional de Mise en Valeur de la Mer, ni par le Schéma des Carrières de Martinique qui définit les sites d’extractions terrestres et marins autorisés.
C’est sur la base branlante d’un arrêté préfectoral signé par le Directeur de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement Eric Legrigeois, qui a mené la maîtrise d’ouvrage du projet d’extension du port, et qui a quitté ses fonctions en Martinique récemment, que le Grand Port Maritime de la Martinique envisage de détruire 13 hectares de récifs dans la baie de Fort-de-France, pour faire des économies sur les matériaux de remblai!
Le Grand Port va-t-il utiliser quand même cet arrêté d’autorisation scélérat*? En mettant l’Etat, propriétaire du port, sous la menace d’une condamnation ?
Que vont en penser les commissaires de l’UNESCO ? Alors qu’un territoire candidat au Patrimoine Mondial de l’Humanité doit faire la preuve de l’exemplarité de sa gouvernance environnementale ?
Personne n’aurait donc la capacité d’empêcher que 13 hectares d’un milieu protégé par des conventions internationales soit remplacé par un trou rempli de vase, en plein milieu de la baie de Fort-de-France?
La ministre de l’Ecologie, qui avait pris le dossier en main, a accepté de confier au Président de Région le soin de modifier le projet dans le sens de la préservation de la biodiversité martiniquaise. Nous attendons les résultats de son intervention auprès du Grand Port et des services décentralisés de l’Etat.
Pour le collectif « Préservons la patrimoine de la baie de Fort-de-France »
Le président de l’Assaupamar
Henri LOUIS-REGIS
Pétition « Ne détruisez pas les cayes de la baie de Fort-de-France pour en faire du remblai » : http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2014N46606
Blog. http://preservonslabaiedefortdefrance.blogspot.com/
*Scélérat: « qui a commis ou est capable de grands crimes », confère la destruction dans le secret de 17 hectares de récifs entre 1999 et 2001, et la récidive offerte en toute impunité par cet arrêté.