Autre invraisemblance : les juridictions guyannaises dépendent de la cour d’appel de Fort-de-France, distante de 1 300 kilomètres. « Pour le moindre stylo, la moindre ramette de papier, la juridiction est obligée de s’adresser à Fort-de-France », déplore Patrick Lingibé. Et de rajouter qu' »il y a un manque de personnel évident, il faudrait au moins 20 greffiers de plus pour tenir les audiences, l’organisation de la chambre de l’instruction n’est pas conforme aux exigences de la CEDH, puisqu’en raison du manque de personnel, les magistrats siègent à la fois dans la formation d’instruction et dans la formation de jugement ».
Les avocats demandent donc la création d’un second TGI à Saint-Laurent du Maroni et la création de la cour d’appel de Guyane. Le bâtonnier de Fort-de-France, Charles-Henri Michaux, soutient d’ailleurs cette demande.
Un mouvement soutenu par les syndicats
Magistrats et greffiers ont rejoint le mouvement cette semaine. La grève est également soutenue par le syndicat des avocats de France (SAF) et par le syndicat de la magistrature (SM). Ce dernier a adressé, le 9 mars, une lettre ouverte au secrétaire général du ministère de la justice, Gilbert Azibert, dans laquelle les magistrats « s’inquiètent » de l’absence de réponse du gouvernement.
Rachida Dati « attentive »
Les avocats sollicitent, quant à eux, un entretien avec la directrice des services judiciaires et déplorent l’absence de réponse significative de la garde des Sceaux. « Nous lui avons adressé des courriers, sans résultat. L’Inspection générale des services judiciaires est venue lundi à Cayenne, mais nous n’avons aucune nouvelle pour l’instant » précise le bâtonnier de Guyane qui doit rencontrer les inspecteurs dans la semaine. Le ministère de la justice assure, de son côté, que Rachida Dati « prête la plus grande attention à ce dossier » et que l’Inspection générale « devrait rencontrer le président du TGI ainsi que le procureur général en vue de rendre très rapidement un rapport ».
Paul-Etienne Pimont
Source : actuel-avocat.fr.